
Sur 52 000 substances déclarées, 90 % des données fournies sont « inexploitables », alerte l’Anses. Plus de 400 000 tonnes sont incorporées chaque année dans les produits de la vie courante.
Ils sont 10 000 fois plus fins qu’un cheveu. Les nanomatériaux se cachent dans une multitude de produits de la vie courante : cosmétiques, aliments, médicaments, textiles, peintures, écrans, emballages… Plus de 400 000 tonnes sont produites (par l’industrie et des laboratoires de recherche) ou importées chaque année en France pour être ensuite incorporées dans des produits manufacturés en raison de leurs propriétés physico-chimiques spécifiques : taille, bien sûr, mais aussi morphologie ou caractère soluble.
Les nanoparticules de silice, l’un des matériaux les plus produits, sont, par exemple, ajoutées en tant qu’additifs alimentaires pour améliorer la texture des sauces ou des assaisonnements. Les nano-oxydes sont incorporés dans les crèmes solaires pour leur composante anti-UV. Les pouvoirs antimicrobiens des matériaux nanométalliques sont utilisés dans les pansements, les films alimentaires ou les plans de travail. (...)
L’utilisation et la dispersion de tous ces nanomatériaux soulèvent de nombreuses questions en termes de risques sanitaires et environnementaux, d’autant que leur encadrement réglementaire n’est toujours pas achevé au niveau européen. En France, cependant, depuis 2013, les fabricants, importateurs et distributeurs ont l’obligation de déclarer les substances à l’état nanoparticulaire dès lors qu’elles dépassent 100 grammes par an. Ces données sont compilées dans un registre baptisé R-Nano. Sa gestion a été confiée à l’Agence française de sécurité sanitaire (Anses). Cette dernière vient d’en réaliser une première évaluation. Et le diagnostic est mauvais. (...)
. « L’absence de données ou la mauvaise qualité de celles-ci impacte significativement les possibilités d’exploitation, notamment en matière d’évaluation des risques sanitaires potentiels », juge l’Anses. (...)