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Le Monde
Droits humains : la haut-commissaire de l’ONU dénonce « les plus sévères » reculs qu’elle ait jamais vus
Article mis en ligne le 22 juin 2021

Michelle Bachelet appelle à un sursaut. Elle se dit « profondément perturbée » par les abus au Tigré, par la situation dans le Xinjiang, à Hongkong et en Russie.

« Pour nous remettre des plus vastes et des plus sévères reculs des droits de l’homme que nous ayons jamais vus, nous devons avoir une vision qui change la vie et une action concertée » pour la mettre en œuvre, a lancé Mme Bachelet à l’égard des membres du conseil onusien.

A l’occasion de sa 47e session (jusqu’au 13 juillet), le CDH va se pencher sur de multiples crises, en Birmanie, en Biélorussie ou au Nicaragua. Autres points importants de l’ordre du jour : la publication du rapport de Mme Bachelet sur le racisme systémique et les violences policières envers les personnes de descendance africaine, et des projets de résolution sur la région éthiopienne du Tigré et les Rohingya en Birmanie.

Cette session se tient une fois de plus en ligne en raison de la pandémie de Covid-19, faisant monter le mécontentement parmi les ONG et les pays, tandis que les problèmes techniques entravent la fluidité des débats, avec des délégués qui ne parviennent pas à se connecter tandis que d’autres sont inaudibles. (...)

A l’occasion de son traditionnel tour d’horizon, Mme Bachelet s’est dite « profondément perturbée » par les « graves violations » des droits humains dans la région éthiopienne du Tigré, sur fond de famine. Alors que se sont déroulées des élections nationales en Ethiopie ce lundi, la haut-commissaire a dénoncé les abus commis contre les civils « par toutes les parties au conflit », qui oppose depuis novembre le pouvoir central au Front populaire de libération du Tigré.

Mme Bachelet a énuméré les exécutions extrajudiciaires, les arrestations et détentions arbitraires, les violences sexuelles contre les enfants ainsi que contre les adultes, et les déplacements forcés. (...)

Elle a également fait état, dans de nombreuses autres régions d’Ethiopie, d’« incidents alarmants de violences ethniques et intercommunautaires » et de déplacements de populations : « Le déploiement actuel des forces militaires n’est pas une solution durable. »

Xinjiang, Hongkong et Russie

La haut-commissaire a également dit espérer obtenir cette année un « accès significatif » au Xinjiang, d’où des « informations sur de graves violations des droits humains continuent de sortir ». Plusieurs organisations de défense des droits humains ont accusé Pékin d’avoir interné dans cette région chinoise au moins un million d’Ouïgours dans des « camps de rééducation ». La Chine dément ce chiffre et parle de « centres de formation professionnelle » pour soutenir l’emploi et combattre l’extrémisme religieux. A Genève, Mme Bachelet a réclamé plusieurs fois à Pékin un « accès total » au Xinjiang. Et fin février, elle a réitéré son appel à une « évaluation complète et indépendante » de la situation des droits humains dans cette région. Mais les défenseurs des droits humains demandent à l’ONU de durcir le ton. (...)

Mme Bachelet a par ailleurs appelé la Russie à « faire respecter les droits civils et politiques » en vue des élections législatives de septembre. Citant le cas de l’opposant russe emprisonné Alexeï Navalny, elle s’est dite « consternée par les mesures récentes qui sapent encore davantage le droit des gens à exprimer des opinions critiques, et leur capacité à prendre part aux élections en septembre ». A l’issue d’un procès à huis clos, un tribunal de Moscou a classé il y a quelques jours comme « extrémistes » les trois organisations de M. Navalny, dont son important réseau régional, entraînant leur interdiction.

« La législation restreignant les libertés d’expression, de réunion pacifique et d’association doit être mise en conformité avec les normes et standards internationaux en matière de droits humains », a jugé Mme Bachelet, exhortant par ailleurs Moscou à mettre fin à la pratique arbitraire consistant à qualifier des individus, des journalistes et des ONG d’« extrémistes », d’« agents étrangers » ou d’« organisations indésirables ».