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Le Monde
« Du Mercurochrome sur une jambe de bois » : dans le Lot, trois ans après le grand débat national, des habitants restent perplexes
Article mis en ligne le 7 février 2022
dernière modification le 6 février 2022

En janvier 2019, Emmanuel Macron est venu à Souillac pour recueillir les cahiers de doléances remis par 600 maires de la région. Plusieurs dizaines de débats locaux plus tard, le bilan laisse dubitatifs les premiers concernés.

(...) Il raconte comment avec Nicole, son épouse, et plusieurs autres « gilets jaunes » du département ils ont « foutu un sacré bordel » pour perturber le déplacement du chef de l’Etat dans cette ville d’environ 3 500 habitants. En pleine crise, Emmanuel Macron était venu répondre aux questions de près de 600 maires d’Occitanie et récupérer les cahiers de doléances remplis par leurs administrés dans le cadre du grand débat national.

« Il se disait que Macron devait venir déjeuner dans un restaurant à Rocamadour, alors on y est allé. Devant, il y avait Didier Guillaume [le ministre de l’agriculture de l’époque] et plein d’hommes en noir. On a fait du bruit, on s’est allongé sur la route et tout », se souvient-il, hilare. (...)

Trois ans plus tard et à moins de soixante-dix jours de l’élection présidentielle, que reste-t-il de l’exercice démocratique lancé par Emmanuel Macron ? Après le passage par Souillac du président de la République, l’exemple démocratique avait été imité localement. Entre le 15 janvier et le 15 mars 2019, sur les plus de 10 000 réunions locales, selon le site officiel du grand débat, une soixantaine se sont déroulées dans ce département de 170 000 personnes, le hissant dans le top 3 national en nombre de réunions par habitant.

Forte mobilisation locale

Caroline Mey-Fau, maire socialiste de Miers et vice-présidente du département, en a coorganisé trois, à Thégra, Bio et Durbans, au cours de l’hiver 2019. Des réunions qui ont rassemblé plusieurs dizaines de participants, parfois plus. (...)

Anette Benmussa était à la rencontre de Thégra avec plus d’enthousiasme. La sexagénaire, elle aussi « gilet jaune » et à l’époque encartée à La France insoumise, avait davantage d’espérances. « Je voulais voir si l’on pouvait bouger les choses », se rappelle-t-elle, avec notamment le souhait d’un projet de recyclerie locale, désormais « sur les rails », grâce aux élus locaux. Thierry Chartroux, le maire sans étiquette de Thégra, avait, lui, organisé une réunion publique dans sa commune après avoir vu une banderole dans la ville voisine de Gramat, où il était inscrit « Elus tous pourris ». « Ça m’avait fait très mal, vu le temps que l’on donne, vu l’écoute qu’on a pour les autres, nous, les élus locaux de petits villages… » (...)