Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
blogs de Médiapart
Du rapport du GIEC au vote Jean Luc Mélenchon
/ hendrik davi Chercheur en Ecologie
Article mis en ligne le 20 mars 2022

Fin décembre 2021, j’ai passé mes vacances à relire deux chapitres du second rapport du GIEC à la demande de mon institut. Je présente ici les derniers résultats du GIEC et les conséquences politiques que j’en tire pour 2022 en appelant voter Jean Luc Mélenchon.

Le GIEC un modèle d’expertise

Avant d’entrer dans les détails, je vais rappeler le fonctionnement du GIEC qui a conduit à la production en 2021 d’une 6ème synthèse sur les bases physiques du changement climatique de plus de 6000 pages et en 2022 de ces conséquences sur les agroécosystèmes et les populations tout aussi volumineuse. (...)

Chaque rapport du GIEC passe ensuite par trois phases de relecture, une première par des experts, une seconde par les gouvernements respectifs qui nomment des experts de leurs pays (celle à laquelle j’ai participé) et une troisième par les gouvernements ne portant que sur le résumé. Ce processus long permet d’aboutir à un consensus.

Les changements climatiques actuels

Les augmentations observées des concentrations de gaz à effet de serre (GES) depuis environ 1750 sont sans équivoque dues aux activités humaines. En 2019, les concentrations atmosphériques de CO2 étaient plus élevées que jamais depuis au moins 2 millions d’années, et les concentrations de CH4 et de N2O étaient plus élevées que jamais depuis au moins 800 000 ans. Il n’y a plus de place pour les climato-sceptiques, du moins en science.

En conséquence, chacune des quatre dernières décennies a été successivement plus chaude que toutes les décennies qui l’ont précédée depuis 1850. (...)

Les projections futures

Ces changements ont déjà induit une augmentation de la fréquence des canicules, des inondations, des sécheresses et des cyclones, mais les projections faites avec les modèles climatiques dont nous disposons et qui rassemblent toutes les connaissances physiques et biologiques actuelles, sont encore plus inquiétantes. Par rapport à la période 1850-1900, la température de la surface du globe en moyenne sur la période 2081-2100 sera très probablement plus élevée de 1,0°C à 1,8°C dans le scénario de très faibles émissions de GES envisagé et de 3,3°C à 5,7°C dans le scénario de très fortes émissions de GES. La dernière fois que la température à la surface du globe a été maintenue à un niveau supérieur ou égal à 2,5°C à celui de 1850-1900 remonte à plus de 3 millions d’années ! Les précipitations devraient augmenter aux hautes latitudes, dans le Pacifique équatorial et dans certaines parties des régions de mousson, mais diminuer dans certaines parties des régions subtropicales et dans des zones limitées des tropiques. Une élévation du niveau moyen mondial de la mer approchant les 2 m d’ici 2100 et 5 m d’ici 2150 dans le cadre d’un scénario d’émissions de GES très élevées est possible, soit un niveau jamais atteint depuis 125 000 ans. Plus les changements sont importants, plus nous risquons de dépasser des points de basculement rendant les conséquences imprévisibles.

Les conséquences pour les agroécosystèmes et la santé humaine

Le changement climatique a déjà eu des effets de plus en plus irréversibles sur les écosystèmes terrestres et aquatiques. (...)

Les projections futures

Ces changements ont déjà induit une augmentation de la fréquence des canicules, des inondations, des sécheresses et des cyclones, mais les projections faites avec les modèles climatiques dont nous disposons et qui rassemblent toutes les connaissances physiques et biologiques actuelles, sont encore plus inquiétantes. Par rapport à la période 1850-1900, la température de la surface du globe en moyenne sur la période 2081-2100 sera très probablement plus élevée de 1,0°C à 1,8°C dans le scénario de très faibles émissions de GES envisagé et de 3,3°C à 5,7°C dans le scénario de très fortes émissions de GES. La dernière fois que la température à la surface du globe a été maintenue à un niveau supérieur ou égal à 2,5°C à celui de 1850-1900 remonte à plus de 3 millions d’années ! Les précipitations devraient augmenter aux hautes latitudes, dans le Pacifique équatorial et dans certaines parties des régions de mousson, mais diminuer dans certaines parties des régions subtropicales et dans des zones limitées des tropiques. Une élévation du niveau moyen mondial de la mer approchant les 2 m d’ici 2100 et 5 m d’ici 2150 dans le cadre d’un scénario d’émissions de GES très élevées est possible, soit un niveau jamais atteint depuis 125 000 ans. Plus les changements sont importants, plus nous risquons de dépasser des points de basculement rendant les conséquences imprévisibles.

Les conséquences pour les agroécosystèmes et la santé humaine

Le changement climatique a déjà eu des effets de plus en plus irréversibles sur les écosystèmes terrestres et aquatiques. (...)

Les projections sont encore plus préoccupantes. Dans les écosystèmes terrestres, jusqu’à 40% des espèces seront probablement confrontées à un risque très élevé d’extinction pour un niveaux de réchauffement planétaire de 4 °C. Bien que la productivité agricole globale ait augmenté, le changement climatique a ralenti cette croissance au cours des 50 dernières années à l’échelle mondiale, les impacts négatifs se situant principalement dans les régions de moyennes et basses latitudes. Nous ferons aussi face à une réduction des rendements de la pêche et de la production aquacole. Les risques de maladies infectieuses devraient augmenter, en particulier le risque de dengue, ce qui pourrait mettre en danger des milliards de personnes supplémentaires d’ici la fin du siècle.

Les interactions avec les autres facettes du changement global

De plus, ces changements risquent d’être amplifier en raison d’autres aspects du changement global : crise la biodiversité, pollution chimique, épuisement des ressources naturelles... (...)

Capital contre Nature

Le changement climatique est irréversible et nous devrons donc nous y adapter. Mais l’ampleur du changement (entre 1.5 et 6°C à l’horizon 2100) dépend de nos choix politiques. Établir un bon diagnostic est donc essentiel pour savoir quelles politiques nous devons mener demain afin (1) d’atténuer le changement climatique en réduisant drastiquement nos émissions de GES et (2) construite des sociétés les plus résilientes possibles pour s’y adapter. Sur ces aspects, le rapport du GIEC reste à la surface, car il ne pointe à aucun moment les causes profondes du changement climatique et plus généralement de la crise écologique.

Il existe selon moi un lien consubstantiel entre la naissance du capitalisme moderne et l’usage des énergies fossiles, qui constitue de le capitalocène[1]. En effet, la dynamique capitaliste suppose d’utiliser la marchandise et la force de travail comme vecteurs pour dégager une plus-value à partir de laquelle il est possible d’augmenter le Capital. La production de la marchandise est donc au cœur du capitalisme. Il n’existe pas d’augmentation du PIB sans productions de marchandises et donc sans usage massive d’énergie et de matière, ce qui est rendu possible avec des énergies fossiles faiblement couteuses. Une économie de services à faible empreinte écologique demeure une illusion, car aujourd’hui l’augmentation du CO2 et l’exploitation des ressources naturelles n’ont jamais été aussi fortes et ce en dépit d’une tertiarisation de l’économie. Les services requièrent toujours une dépense d’énergie, nous le voyons bien avec l’économie d’Amazon de Uber.

Pour sortir d’une économie prédatrice sur l’environnement, il est absolument nécessaire de ralentir le cycle Argent - Marchandise- Argent et donc de faire décroitre à terme le Capital. Il ne peut pas exister de capitalisme vert dans une planète aux ressources limitées. Sortir de cette logique mortifère dans laquelle nous a conduit la logique du Capital suppose un affrontement avec les classes sociales qui vivent, tels des parasites, de la circulation de la marchandise. Nous devons donc rompre avec la société de consommation pour réduire drastiquement nos consommations. Mais, il faut aussi profondément transformer nos modes de productions pour qu’ils aient une empreinte climatique et plus largement une empreinte écologique, plus faible qu’actuellement.

Un programme de transition écosocialiste

La rupture avec les logiques d’accumulation sans fin du capital et de grand déménagement du monde qui va avec, ne sera pas un long fleuve tranquille. Mais il faut bien commencer quelque part. Pour cela, nous avons besoin d’un programme de transition qui reprenne le contrôle de nos moyens de production en les sortant de la seule logique du Capital. Ceci nécessite des moyens d’actions publique pour organiser une planification écologique, qui organise la transformation en profondeur de nos modes de production et de consommation. Ce projet est cœur de l’Avenir en Commun programme de l’Union Populaire et de son candidat Jean Luc Mélenchon en 2022. (...)

Dans l’AEC et les plans/livrets qui le complètent, nous proposons d’arriver à une consommation d’énergie primaire divisée par 3 d’ici 2050, par exemple isolant massivement les logements, en abolissant l’obsolescence programmée, afin d’allonger les durées de garantie légale des produits, en interdisant l’usage des plastiques à usage unique ou en créant un réseau national de recyclage. Nous proposons aussi de réduire les transports de personne en créant un pôle public des transports et de la mobilité, pour développer le ferroviaire les mobilités douces. Nous développerons les circuits courts pour réduire la circulation des marchandises et l’utilisation d’emballages avec la mise en place d’un protectionnisme écologique. Pour lutter contre les gaspillages, nous rendrons progressive la tarification des biens essentiels (eau, énergies, etc.), afin d’inciter aux bons usages et décourager les mésusages, avec des premières tranches gratuites.

Ensuite, pour changer nos modes de production, nous développerons des savoirs et qualifications utiles à la transition écologique et organiserons une planification du changement de notre mixte énergétique. Le nucléaire n’est pas la solution. Il présente des risques pour les populations qui augmentent avec le vieillissement des infrastructures ou les tensions géopolitiques et nous rend dépendant des pays producteurs d’uranium. Nous proposons donc de doubler l’éolien, pour atteindre en 2050 18 500 éoliennes et 3000 en mer et d’accroître le photovoltaïque (144 gigawatt installés, contre une dizaine aujourd’hui) en toitures, combrières, sans aucune installation sur terres agricoles ou espaces sauvegardés. Enfin, nous encouragerons les bioénergies (biomasse et biogaz) sans dégrader ni les forêts ou diminuer les surfaces agricoles.

Mais ce programme de transition se conjugue aussi à un programme social et démocratique ambitieux, car nous ne pouvons pas opérer une bifurcation écologique d’ampleur sans justice sociale et sans refondation démocratique de nos institutions par une 6ème République. Enfin, cette transition requiert un niveau d’affrontement élevé avec le Capital, pour se donner les moyens d’une planification de plus 200 milliards d’investissement dans la transition écologique. C’est ce que nous proposons avec la révolution fiscale proposée dans l’Avenir en commun.

Le vote Jean Luc Mélenchon le 10 et 24 avril !

Nous sommes à un moment charnière de l’humanité où l’instabilité géopolitique, s’ajoute à une pandémie en fragilisant encore plus des sociétés déjà divisées par le racisme et les inégalités sociales, alors même que les enjeux écologiques n’ont jamais été aussi importants. Nous n’avons pas le choix, nous devons dès maintenant entamer la bifurcation de notre modèle économique et sociale. Évidemment, tout ne passera pas par les élections et rien ne se fera sans l’action du plus grand nombre dans l’élaboration des alternatives concrètes ou les luttes sociales et écologiques. Mais il est urgent de reprendre le gouvernail à ceux qui actuellement conduisent la société dans le mur avec comme seul objectif la maximisation des profits de leurs amis.

Aujourd’hui Jean Luc Mélenchon et le programme de rupture démocratique, sociale et écologique qu’il porte est à portée de voix du second tour. Ne laissons pas passer cette opportunité. Mobilisons-nous partout où c’est possible et d’abord dans la rue le 20 mars à Paris à 14h à la Bastille et le 27 mars Marseille au Prado. Une fois au second tour, tout devient possible, car la situation politique est extrêmement instable. (...)

Le vote Jean Luc Mélenchon n’est pas seulement un vote utile pour éviter que la politique de haine soit au second tour de l’élection présidentielle, c’est aussi un vote d’espoir pour que nous entamions tous collectivement, la grande révolution écologique et sociale, dont notre planète a tant besoin.