
Plus du quart des émissions nationales de gaz à effet de serre sont liées au secteur des transports. Si la voie fluviale est beaucoup moins polluante que le trafic routier, elle demeure sous-utilisée. Les nombreuses voies navigables sont délaissées. Une société coopérative tente de changer la donne en développant un transport fluvial de bouteilles de vin biologique ou naturel.
Elle profite du maillage du réseau fluvial qui traverse 80 % du vignoble français pour collecter les produits dans la vallée du Rhône, avant de les acheminer jusqu’à Paris. Une alternative en faveur de transports moins carbonés, entravée par les subventions au tout routier.
Face à la logique de rapidité du « tout camion », Cécile Sauthier et Raphaël Sauzéat font l’éloge de la lenteur de la voie d’eau. Ils ont créé en 2012 la société coopérative Alizarine. L’alizarine est un colorant rouge d’origine végétale, extrait de la racine de la garance auparavant cultivée pour la teinture. Ce nom, c’est aussi celui de leur péniche qui transporte des palettes de vin – rouge, mais pas seulement – entre la vallée du Rhône et Paris.
Alors que le secteur des transports émet plus du quart des émissions nationales de gaz à effet de serre, le Grenelle de l’environnement avait fixé, en 2009, l’objectif d’augmenter la part du transport non routier et non aérien de marchandises de 14 % à 25 %, d’ici à 2022 [1]. (...)
La péniche Alizarine, trente-cinq mètres de longueur et cinq mètres de largeur, peut transporter cinquante palettes, soit trente mille bouteilles. L’équivalent de cinq camions frigorifiques. Partie du sud de la France, elle fait escale à différents points de chargement, des bords de la Méditerranée, desservi par le Canal du Rhône, jusqu’à Briare (Loiret) et son pont-canal sur la Loire, ou Reims et son champagne traversé par le canal de la Marne à l’Aisne [5]. Une « ramasse » par camion est organisée chez les vignerons dans un rayon de vingt-cinq kilomètres autour de ces points de chargement. (...)