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France TV Info
ENQUETE FRANCEINFO. Un militaire français accusé d’espionnage à l’Otan : entre la France et la Russie, des liaisons dangereuses
Article mis en ligne le 8 novembre 2020
dernière modification le 7 novembre 2020

L’arrestation l’été dernier d’un militaire français dans une base de l’Otan soupçonné d’espionnage au profit de la Russie relance les interrogations : pourquoi les Russes s’intéressent-ils à l’Alliance atlantique ?

Le 21 août 2020, un lieutenant-colonel français en poste dans une base de l’Otan près de Naples a été mis en examen pour intelligence avec une puissance étrangère, collecte et livraison de renseignements. Plus d’une année d’enquête et de filatures ont permis au renseignement français et italien de soupçonner la Russie d’avoir recruté ce lieutenant-colonel. Selon les services italiens, le français rencontrait un officier du GRU, le renseignement militaire russe. Mais pourquoi la Russie cherche-t-elle à obtenir des informations de première main sur l’Otan ? (...)

Pour les Russes, l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (Otan, aussi appelée Alliance atlantique, qui regroupe la plupart des pays d’Europe, ainsi que la Turquie, les Etats-Unis et le Canada) est désormais perçue comme "une machine de guerre" au service des Américains. Ces derniers ont gagné du terrain après la dissolution de l’URSS, en intégrant dans l’Alliance des pays de l’ancien bloc de l’Est, comme la Bulgarie, la Roumanie ou les pays baltes.

Pourtant, vers la fin des années 90, les Russes ont cru pouvoir travailler en bonne intelligence avec l’Organisation. "On essayait de créer des mesures de confiance avec la Russie, se souvient Alain Richard, ministre de la Défense français de 1997 à 2002. Lorsqu’il y avait des réunions ministérielles de l’Otan, on faisait une réunion supplémentaire le lendemain avec le ministre russe."

Cette relative bonne entente et ce partage du renseignement vont être ébranlés par deux évènements, en 1999 : l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine, et le bombardement de Belgrade (Serbie) par l’Otan. Résultat : la confiance s’évapore, et l’antagonisme refait surface. (...)

Qu’est-ce qui peut pousser un militaire français à transmettre des informations à la Russie ? Au-delà des motivations pécuniaires ou du chantage, on observe au sein d’une partie du commandement de l’armée française une forme de russophilie et d’admiration qui semble assez marquée pour son président actuel. "Poutine exprime une force qui incarne l’autorité, il est respecté dans son pays, analyse Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice LR des Français de l’étranger. Il existe une certaine fascination pour cet empire auprès de certains officiers français, avec l’idée que la France et la Russie devraient avoir un avenir commun au sein de l’Europe, qu’il faudrait absolument qu’il y ait une alliance entre eux." (...)