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Non-Fiction
ENTRETIEN – « La doctrine chrétienne ne peut survivre que si elle évolue », avec Vito Mancuso
Article mis en ligne le 13 janvier 2017
dernière modification le 6 janvier 2017

Vito Mancuso, né 1962, mari et père car dispensé du célibat par concession papale, n’en est pas moins l’un des théologiens les plus influents en Italie. Elève du Cardinal Martini, archevêque de Milan, et de l’archevêque théologien Bruno Forte, il a enseigné à l’Université de Padoue et de Milan et il écrit régulièrement pour le quotidien La Repubblica. Son dernier livre, Il coraggio di essere liberi (« Le courage d’être libres », Garzanti, 2016) vient de paraître, et ses thèses n’ont pas manqué de susciter un remarquable débat dans l’Eglise de Rome. Nous avons profité de l’occasion pour réfléchir avec lui sur l’actualité du christianisme, ses défis et ses perspectives dans la société présente.

Vito Mancuso, né 1962, mari et père car dispensé du célibat par concession papale, n’en est pas moins l’un des théologiens les plus influents en Italie. Elève du Cardinal Martini, archevêque de Milan, et de l’archevêque théologien Bruno Forte, il a enseigné à l’Université de Padoue et de Milan et il écrit régulièrement pour le quotidien La Repubblica. Son dernier livre, Il coraggio di essere liberi (« Le courage d’être libres », Garzanti, 2016) vient de paraître, et ses thèses n’ont pas manqué de susciter un remarquable débat dans l’Eglise de Rome. Nous avons profité de l’occasion pour réfléchir avec lui sur l’actualité du christianisme, ses défis et ses perspectives dans la société présente.

Nonfiction : Vous parcourez, une question centrale pour l’Occident aujourd’hui, le rapport entre liberté et volonté. Dans un cadre où toute décision économique, politique, sociale prend forme loin des hommes communs, la participation peut être une illusion que l’homme s’offre. Vous faites donc appel, outre qu’à Hegel et Florenskji, au juge Paolo Borsellino assassiné par la Mafia en 1992 : comment passe-t-on de la volonté d’être libres à la liberté réelle, pratique, ce que vous appelez « liberté pour ».

Vito Mancuso : Sans sous-estimer les conditionnements dont nous sommes l’objet, je pense que jamais l’homme n’a pu expérimenter mieux que dans notre époque ce qu’on appelle liberté. Pour être clair, par ce terme je veux renvoyer à deux expériences concrètes : la conscience et la créativité, soit la possibilité de nouvelles initiatives. Je suis loin d’admettre que nous jouissons d’une liberté absolue, personne n’en jouit, ni Dieu ne peut en profiter, si on entend la liberté en sens étymologique "délaissée de liens" puisque l’être ne peut se poser qu’en relation et que tout lien est, en effet, dépendance.

Je pose plutôt qu’aujourd’hui nous pouvons parvenir à un degré de conscience de notre condition que l’humanité n’avait jamais atteint auparavant. Et je pose également que, devant nous, nous avons des possibilités concrètes de libération : livres, enseignements, expériences, informations, possibilités de contact et de voyage..Je le répète, je ne peins pas ici le meilleur des mondes possibles, je suis conscient de la crise, de la méfiance qui traversent notre époque, toutefois, pour le dire avec Kant : “Sapere aude”, “aie le courage de savoir”, et il faut souligner aussi la deuxième signification latine de ce verbe, sapio- savoir, c’est à dire : " aie le courage d’avoir une saveur", ce qui revient au génuin.

C’est dans ce sens, pense- je que l’on parvient à la liberté-pour, c’est à dire à la dédition à un idéal plus grand que nous vers lequel marcher et à la lumière duquel travailler et que pour Paolo Borsellino et ses collègues était l’idéal de la Justice. Il y a des forces immenses, aujourd’hui comme à l’époque impériale, qui pèsent sur nous et qui nous conditionnent mais à nos jours nous en sommes plus conscients nous sommes donc plus libres. (...)