
Plusieurs rapports récents replacent la question de l’eau au cœur de toutes les réflexions sur un avenir soutenable de la planète.
Pendant une quinzaine d’années, une équipe de chercheurs de la NASA, l’agence spatiale américaine, a observé l’évolution de la répartition de l’eau douce dans 34 régions du monde. Son diagnostic est on ne peut plus clair : on assiste aujourd’hui à un "changement hydrologique majeur". Les zones humides de la Terre deviennent de plus en plus humides et les zones sèches deviennent plus sèches. Entre autres raisons : les cycles naturels, l’impact des modes de gestion des ressources en eau et le changement climatique.(...)
Selon un rapport sur l’état de l’eau publié par l’Agence européenne pour l’environnement (AEE), malgré les progrès réalisés au cours des dernières décennies dans l’amélioration de la qualité environnementale des nombreux lacs, rivières, eaux côtières et eaux souterraines en Europe, la pollution, les structures telles que les barrages et la surexploitation représentent toujours des menaces majeures pour leur santé à long terme. La grande majorité des masses d’eau européennes ne parviennent toujours pas à atteindre l’objectif minimum de « bon état » fixé par l’Union européenne.(...)
Selon un rapport publié le 20 juin 2018, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, la pollution de l’eau liée à des pratiques agricoles non durables menace la santé humaine et les écosystèmes de la planète. Un phénomène que sous-estiment souvent les décideurs politiques et les agriculteurs dénonce la FAO.(...)
L’agriculture est la plus importante cause de pollution de l’eau, selon la publication (...)
L’agriculture « moderne » libère en effet de grandes quantités de produits agrochimiques, de matière organique, de sédiments et de solution saline qui se déversent ensuite dans les plans d’eau.
Une pollution qui affecte des milliards de personnes et engendre des frais qui atteignent chaque année des milliards de dollars.(...)
Ces intrants, s’ils ont permis de stimuler la production alimentaire, ont aussi contribué à augmenter les risques de menaces environnementales et ceux sur la santé humaine.(...)
Au-delà du constat, le rapport propose des solutions, même s’il juge le défi complexe à relever. Réduire les polluants à la source se révèle le plus efficace. La première manière d’y parvenir est, selon les auteurs, de développer des politiques et des motivations pour faire évoluer les régimes alimentaires des populations vers des régimes plus durables et de limiter la hausse de la demande alimentaire.
Au niveau du consommateur, la lutte contre le gaspillage alimentaire peut y contribuer.
Les instruments réglementaires « traditionnels » continueront à être essentiels, note le rapport.
Et de citer la mise en place de normes sur la qualité de l’eau et de permis de rejets de polluants, l’obligation de bonnes pratiques, l’évaluation des impacts environnementaux de certaines activités agricoles, l’installation de zones tampons autour des exploitations, de restrictions sur les pratiques agricoles ou sur le lieu d’implantation des exploitations ou encore des limites sur la commercialisation et la vente de produits dangereux.
Toutefois, le rapport reconnait que certains principes appliqués actuellement, tels que celui du pollueur-payeur, sont difficilement applicables à la pollution diffuse d’origine agricole, car il est compliqué d’identifier le responsable.(...)
Le rapport cite par ailleurs plusieurs bonnes pratiques visant à réduire l’exportation de nutriments et de pesticides dans les écosystèmes, la meilleure étant d’en réduire l’usage. De même, la lutte antiparasitaire intégrée, qui associe l’utilisation de variétés agricoles résistantes aux ravageurs au système de rotation des cultures, est également présentée comme utile. En ce qui concerne les élevages, les techniques traditionnelles telles que la restauration des pâturages dégradés, une meilleure gestion des régimes alimentaires des animaux, des additifs alimentaires ou encore des médicaments sont essentielles.
Néanmoins, les auteurs avancent que davantage doit être fait, notamment en matière de techniques de recyclage des nutriments et dans le développement de nouvelles technologies, comme la méthanisation des déchets agricoles.(...)
Le bio est plus performant face aux attaques d’agents pathogènes(...)
Les paysages des régions méditerranéennes vont considérablement changer dans l’avenir sous l’effet des changements climatiques. Peut-on imaginer à quoi ils ressembleront ? Sommes-nous en mesure de limiter ces transformations ? Peut-on appeler la « nature » à la rescousse ? L’ethnobotaniste Pierre Lieutaghi partage ses enseignements et réflexions.