
La transition énergétique peut créer des centaines de milliers d’emplois. Couplée à une réduction de la durée du travail, elle pourrait permettre de sortir le pays de la récession où il est englué.
À l’heure où le chômage et la précarisation du travail s’accentuent encore et désagrègent les liens sociaux et où la crise écologique révèle l’impasse du modèle productiviste, on parle beaucoup de transition énergétique, de reconversion industrielle et d’invention d’un nouveau modèle économique. Tout cela est, pour l’instant, resté lettre morte. Le seul changement de cap dessiné par les gouvernements est celui de la compétitivité, de la baisse du coût du travail pour les entreprises, de la réduction des dépenses publiques, le tout habillé en France d’un oxymore : ledit « socialisme de l’offre ».
Pourtant, il est possible d’imaginer un nouvel horizon économique et social en dehors du paradigme néolibéral, mâtiné d’un peu de sociétal à la place du social. La dernière période où l’économie française créa un grand nombre d’emplois, au moins deux millions, fut celle des années 1997-2001.
Ce résultat, resté inédit, fut atteint en couplant une reprise de la croissance économique et une réduction importante de la durée du travail, le tout permis par une moindre rigueur de la politique économique que par rapport aux années précédentes. Ce couplage n’est plus possible. La croissance ne reviendra pas aux niveaux antérieurs parce que les gains de productivité se sont durablement ralentis et cette tendance ne s’infléchira sans doute pas. Il faut donc inventer un autre assemblage. Le seul envisageable pour l’avenir des sociétés est celui qui associe une transition écologique et une poursuite de la tendance séculaire à la réduction du temps de travail. (...)
au lieu de chercher 50 milliards dans la poche des salariés ou dans les dépenses publiques, cette reconversion à la fois sociale et écologique exige de remodeler considérablement la répartition des revenus : un choc de répartition en lieu et place d’un pacte d’(ir)responsabilité accordé les yeux fermés aux entreprises.
Et si ce nouveau couple écologie-RTT conduit à sortir de la nasse de la récession en promouvant un regain de croissance, fût-il modeste et transitoire, grâce notamment aux investissements d’avenir, ce ne sera plus une croissance aveugle, bercée de l’illusion de l’éternité. En bref, il ne s’agit pas de relancer l’activité pour assurer la transition, mais de lancer la transition pour impulser une dynamique vertueuse.
Enfin, le nouveau couplage écologie-emploi doit être l’occasion de repenser l’organisation du travail pour mettre fin à la dégradation continue des conditions de travail depuis que l’apologie en faveur du rendement pour les actionnaires a pris le pas sur toute autre considération (...)
Les Économistes atterrés* organisent une conférence-débat sur ces thèmes
le Jeudi 10 avril 2014, de 20h à 22h30,
à l’Université Paris I, Centre Panthéon,
Amphi 1, 12 place du Panthéon.
Interviendront notamment Philippe Quirion et Jean-Marie Harribey.