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Ecopla : des ouvriers remettent l’économie à plat
Article mis en ligne le 23 mai 2016

Dans la région de Grenoble, la seule entreprise de fabrication de barquettes en aluminium de France est en liquidation. Ancienne usine du groupe Pechiney, cette entreprise a connu divers propriétaires. Lassés des « repreneurs », ses salariés veulent écrire leur propre histoire et relancer leur entreprise en Scop. Ils ouvrent une campagne de crowfunding sur Ulule pour lever 50 000 euros.

« Ecopla France ». Un vieux panneau noirci par les gaz d’échappement indique la direction de l’usine au bord de la route qui traverse la vallée du Grésivaudan. En temps normal, personne n’aurait fait attention au bâtiment industriel accolé aux flancs de la Chartreuse, à l’entrée du village de Saint-Vincent-de-Mercuze. Mais depuis quelques semaines, des banderoles sont accrochées aux portes grillagées d’ordinaire ouvertes aux ouvriers : « Ecopla France : le savoir faire français » peut-on lire.

La sentence de la liquidation judiciaire est tombée le 22 mars dernier comme un coup de massue pour les 77 salariés de l’usine Ecopla, anciennement connue sous le nom « la CEBAL » une entreprise du groupe Pechiney. Peu de temps a filé entre la cessation d’activité et le redressement judiciaire, devenu liquidation en moins de dix jours. Un coup dur pour cette usine qui, depuis 1960, transforme dans ses entrailles de l’aluminium en barquettes destinées à l’agroalimentaire. Enfin, plutôt pour ses ouvriers… En 2016, Ecopla reste l’un des premiers producteurs de barquettes en aluminium en Europe et la dernière entreprise dépositaire de ce savoir-faire en France. Mais du rachat par un groupe anglais, à celui d’un actionnaire sino-australien millionnaire (Jerry Ren) en passant par la cessation à un fonds de pension américain, le chiffre d’affaires a été divisé par dix en trois ans. (...)

Depuis moins de six mois les 29 presses et les 250 outils sont à l’arrêt. Mais un petit noyau de personnes occupe les lieux, sous la bienveillance de l’administrateur judiciaire qui permet une présence quotidienne à l’usine. Quatre, puis dix et maintenant presque vingt salariés planchent pour reprendre leur usine sous forme de Scop (Société Coopérative Ouvrière de Production). Il leur suffit presque de ressortir le brouillon des tiroirs car il y a deux ans, certains d’entre eux avaient ébauché un projet du genre, tirant déjà la sonnette d’alarme face aux difficultés financières de leur entreprise. (...)

Face à des repreneurs italiens, le petit groupe fait alors un appel à tous les salariés en réunion plénière le 5 avril dernier : « Maintien de l’outil de travail et sauvegarde de l’emploi sont nos priorités. Nous actionnerons tous les leviers pour y arriver, avec vous » déclame Karine Salaün, ancienne assistante commerciale pionnière du projet Scop. Une course contre la montre commence à cette date : trouver un manager de transition pour la Scop, rendre visite aux clients pour qu’ils valident leur projet de reprise et trouver les fonds nécessaires pour redémarrer l’activité. Tout en devant gérer une plainte collective pour licenciement abusif.

Les leviers sont notamment participatifs. L’association Les amis d’Ecopla est créée au début du mois de mai pour porter le projet sur la plateforme de financement participatif Ulule.

Réunis pour la première fois en association, le 4 mai dernier, une quinzaine de salariés ont planché sur le montant et l’objectif (...)

Le projet Scop finalisé doit être ficelé pour bientôt et remis au Tribunal de commerce qui tranchera avant l’été. D’ici là, les plus motivés vont se rendre sur les marchés alentours, les matins et les week-ends, pour sensibiliser des âmes sur la situation de ce bastion industriel. (...)