
Le 5 août 2008, lors de la publication du rapport de la « Commission nationale indépendante chargée de faire la lumière sur le rôle de la France dans le génocide des Tutsi de 1994 », le ministre rwandais de la justice, Tharcisse Karugamara, diffusait un communiqué dans lequel étaient désignées les trente-trois « personnalités politiques et militaires françaises les plus impliquées dans le génocide ».
Parmi ces personnalités, treize politiques, au premier rang desquels François Mitterrand, président de la République, et Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, et vingt militaires, à commencer par le chef d’état-major des armées, l’amiral Jacques Lanxade et le chef d’état-major particulier du Président Mitterrand, le général Christian Quesnot.
Ce communiqué concluait : « Vu la gravité des faits allégués, le gouvernement rwandais enjoint les instances habilitées à entreprendre les actions requises afin d’amener les responsables politiques et militaires français incriminés à répondre de leurs actes devant la justice. »(...)
Quelques critiques d’ONG s’étaient bien exprimées, et l’Élysée avait reçu des représentants de la Fédération internationale des droits de l’homme ou de Human rights Watch. Au retour d’une mission d’investigation sur la situation des droits de l’homme au Rwanda, Jean Carbonare avait pu dénoncer, y compris au journal télévisé, la malfaisance et la dangerosité de l’action entreprise par la France au Rwanda. Le génocide programmé avait été dénoncé par Jean-François Dupaquier, dans l’Événement du jeudi, dès les débuts de l’intervention française.(...)
Depuis plusieurs années notre revue a pu recueillir des informations de diverses sources tendant à penser que l’armée française n’aurait pas seulement préparé l’armée rwandaise génocidaire, mais participé directement au génocide.
Le rapport Mucyo, que nous publions pour ce numéro spécial, confirme cette hypothèse, et on a pu voir comment la commission rwandaise a pu recueillir nombre de témoignages allant dans ce sens. (...)