
Parents et enseignants le voient bien tous les jours : la violence gangrène les relations des enfants entre eux, et des enfants avec les adultes. Que faire pour inverser cette triste logique ? Eduquer à la non-violence dès l’école. C’est ce que propose Alain Refalo, enseignant du primaire à Colomiers (Haute-Garonne), qui a fondé le Centre de ressources sur la non-violence de Midi-Pyrénées.
Cet article est paru initialement dans le trimestriel toulousain Alters Echos, en septembre 2011. Nous poursuivons ainsi notre politique de partenariats avec des journaux “ papier ” ou “ web ” proches de nos centres d’intérêts et de réflexion, partenariat engagé le mois dernier avec Gardarem lo Larzac.
En proclamant les années 2001-2010 « Décennie de la culture de la non-violence et de la paix », l’Assemblée générale de l’ONU invitait « les Etats membres à prendre les mesures nécessaires pour que la pratique de la non-violence et de la paix soit enseignée à tous les niveaux de leurs sociétés respectives, y compris dans les établissements d’enseignement ». Malheureusement, cette résolution novatrice n’a pas rencontré l’écho qu’elle méritait et les Etats membres de l’ONU n’investissent toujours pas dans l’éducation à la non-violence à l’école.
L’éducation à l’école est aussi l’apprentissage d’un art de vivre. Il ne s’agit pas seulement d’enseigner des savoirs aussi important soient-ils, mais d’apprendre également un « art de vivre » avec les autres qui donne un sens à sa vie. Eduquer, c’est enseigner la grammaire de la vie, c’est apprendre à vivre avec les autres. Il s’agit certes de transmettre des valeurs de tolérance, de respect des différences, de liberté et de coopération, mais il s’agit surtout d’apprendre à les vivre quotidiennement, au sein de la classe, notamment dans les situations d’apprentissage et les situations conflictuelles.
Le défi éthique et pédagogique qui est posé à l’institution scolaire est d’apprendre aux enfants à sortir de la logique de la violence qui exclut, blesse et meurtrit (logique gagnant-perdant) pour découvrir et expérimenter la dynamique de la non-violence qui favorise la coopération et la recherche de solutions positives (dynamique gagnant-gagnant).
« L’éducation à la non-violence commence par la non-violence de l’éducation », dit Jean-Marie Muller (*). La recherche de la cohérence entre les valeurs transmises, les actes relationnels et les démarches pédagogiques est en effet essentielle. (...)
Enfin, cette éducation à la non-violence s’efforce d’enseigner quotidiennement des aptitudes telles que l’autonomie, l’esprit critique, la responsabilité, la coopération, la créativité et la solidarité, mais aussi des compétences relationnelles. Il s’agit d’apprendre à l’enfant un “ savoir être ” qui leur permette de cultiver des relations pacifiées, coopératives, fraternelles avec les autres enfants et les adultes. Ces compétences relationnelles qui leur permettront d’être réellement des acteurs responsables de la vie démocratique et sociale sont le non-jugement, l’affirmation de soi, l’expression des sentiments et des émotions, le respect, l’écoute, la communication non-violente, la recherche de solutions positives…
Des programmes complets permettant l’apprentissage de ces aptitudes et de ces compétences existent aujourd’hui. Plusieurs proviennent des pays pionniers comme le Canada ou la Belgique. Malheureusement, ils ne sont pas encore pris en compte par l’institution scolaire dans notre pays… (...)