
Des sportifs unis par leurs valeurs, à commencer par leur volonté d’égalité. C’est à Fives que cela se passe, un quartier de Lille où les membres du Spartak lillois, club fondé en 2010, souhaitent revenir aux bases du sport, sans pression ni enjeux financiers. Pour un euro mensuel, chacun peut pratiquer en loisir le foot, mais également le basket, le handball, le volley, le fitness ou même le Mölkky. Et participer, pour les volontaires, aux actions de solidarité ou de lutte contre le racisme que mène ce club décidément pas comme les autres.
Un club ouvert à tous
En 2010, Benjamin, alors étudiant à Lille III, la faculté de lettres, a envie de se remettre au sport. Plutôt que d’intégrer un club existant, il décide, « avec deux ou trois amis », de lancer un club de foot militant, plus raccord avec ses principes. « On voulait qu’il soit ouvert à tous, que le sport soit gratuit, non-élitiste, sans niveau et non-machiste », explique le Lillois de 29 ans, par ailleurs militant communiste. « Dès le début, on a rédigé un manifeste avec nos valeurs, en réaffirmant le fait d’être anti-raciste. L’idée, c’est qu’il y ait ici une place pour tous. »
Sur le terrain, aucune fille dans l’équipe de football, mais des joueurs de tout âge et de tous niveaux. Au total, près de 70 personnes, la quasi-totalité des adhérents, viennent chaque semaine aux entraînements libres. Il n’y a pas d’entraîneur, chacun s’échauffe à son rythme avant d’enchaîner les matches. « On ne compte même pas les points ! », lance le co-président, qui refuse tout esprit de compétition. « Le but de l’association, c’est de participer », précise Benjamin Vandekerckhove. « Cela peut être en lavant les chasubles, en ramenant les ballons ou en prenant une initiative pour proposer un échauffement ou un entraînement. »
Contre le foot-business (...)
Avec leur T-shirt rouge ou noir orné d’un casque de gladiateur, en hommage à Spartacus, l’esclave qui s’est révolté, les membres du Spartak souhaitent avant tout revenir aux bases du sport, loin des enjeux financiers.
Pour le Spartak, le terrain ne s’arrête pas aux stades et aux salles de sport. Ils investissent aussi le quartier et la ville de Lille, où ils mènent chaque année de nombreuses actions. Roms, sans papiers, enfants, chacun est invité à participer aux tournois du club, qu’il s’agisse de football ou de Mölkky. Lorsqu’il participe à la course de la braderie de Lille, le Spartak brandit des slogans de solidarité avec la Palestine. Il n’a pas hésité non plus à signer un appel contre un mouvement d’extrême-droite et à se joindre aux rangs d’une marche contre le racisme. « On estime être légitimes sur ces sujets. Les membres de l’association ne font pas que jouer », souligne Benjamin Vandekerckhove. Les adhérents ont connaissance de la charte militante du club, mais il n’y a bien sûr aucune obligation à rejoindre les manifestations. Tout repose sur le volontariat. (...)
Du basket et du football « triolectique »
En 2013, face à la demande, le Spartak a choisi d’élargir ses activités, et n’a depuis cessé de grandir. Aujourd’hui, le club lillois propose une dizaine de disciplines. Parmi elles, du basket, du handball, du volley-ball, du badminton, du fitness et, depuis 2016, du football triolectique. « On le joue avec trois équipes et trois buts. Ça casse le côté binaire du foot et ça fait réfléchir sur la collaboration et l’affrontement, explique Benjamin. Quand on repense aux débuts de l’association, on a parcouru un beau chemin. » (...)
« Lors de la dernière assemblée générale, en mars 2016, on a décidé de remplacer le bureau et son président par une assemblée collégiale. Cela correspond plus à notre philosophie », précise Matthieu tout en distribuant les cartes d’adhésion. Désormais, ils sont douze à se réunir régulièrement, au café ou chez l’un d’eux, pour gérer l’association et les événements qu’elle organise. « Douze, c’est un début. On ne s’est pas fixé de limite. »
Sous les paniers, des filles, des garçons, des ados, des quinquagénaires. De par cette diversité, le basket-ball est sans doute plus représentatif encore des valeurs du Spartak que le football. (...)