
Le président Abdel Fattah Al-Sissi vient d’entériner en ce mois d’août de nouvelles lois contre le terrorisme contraires à tous les principes de justice et criminalisant entre autres les journalistes qui contesteraient la version officielle du gouvernement. Et pourtant, jamais les actions violentes n’ont été aussi nombreuses en Égypte. Comment le contre-terrorisme alimente le terrorisme.
(...) Un changement qualitatif s’opère dans l’usage de la violence, que ce soit celle de l’État ou celle de groupes armés non étatiques qui se sont construits avant tout contre cet État, et dont les cibles demeurent ses représentants : l’armée, la police et la justice. Mais plus fondamentalement, elles ne sont que le reflet du binôme terrorisme et contre-terrorisme, les deux s’auto-alimentant. À partir de ces événements de l’été 2015, il devient urgent d’étudier la politique contre-terroriste du régime égyptien, d’en proposer un bilan et une lecture critique. Il s’agit de voir ce que signifie le fait de chercher à contrer par l’usage d’armes des groupes identifiés comme « terroristes » selon une définition propre au régime, et de vérifier dans quelle mesure cette politique est avant tout une stratégie de légitimation des nouveaux dirigeants. (...)