
La question d’une transition vers un mode de vie végan a partagé le public lors du débat organisé par Le Monde Festival.
Applaudissements, huées, commentaires scandés par le public… le débat sur la question « Demain, tous végans ? », organisé samedi 23 septembre dans le cadre du Monde Festival, s’est révélé pour le moins animé.
Au centre de l’arène : Brigitte Gothière, défenseur de la cause animale par le biais de l’association L214 dont elle est la porte-parole, Christiane Lambert, présidente de la fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) et Renan Larue, docteur en lettres modernes et créateur des vegan studies à l’université de Californie. (...)
Le désir d’une transition vers le véganisme - un « mouvement social et politique » fondé sur le refus de l’exploitation animale, selon Renan Larue - n’est en effet pas partagé de tous. D’un côté, les végans refusent que l’on fasse souffrir ou que l’on tue les animaux, peu importe la finalité. De l’autre, les éleveurs, dont les revenus et, de fait, la survie, reposent sur l’exploitation animale. Et entre les deux, il y a ceux qui consomment de la viande, par envie, par goût, ou tout simplement parce qu’ils en ont l’habitude.
« Je ne suis pas née militante, je le suis devenue. Par soif de justice et de paix, énonce Brigitte Gothière. Ma compassion ne s’arrête pas aux frontières de mon espèce. » Les vidéos sans filtre de son association, qui se font l’écho de la souffrance animale dans les élevages et les abattoirs, tournent sur les réseaux sociaux et dans les médias depuis 2015. « Notre volonté n’est pas de choquer mais de montrer la réalité », insiste-t-elle. (...)
« C’est ce qu’on appelle le “paradoxe de la viande”, explique Renan Larue. Une entreprise pour laquelle on a peu de sympathie mais que l’on continue pourtant à encourager en consommant ce qu’elle produit. » Cette dissonance cognitive pourrait être le résultat, entre autres, de l’éloignement qui s’est opéré entre le consommateur et l’animal de rente. « Seuls 2 % à 3 % des gens égorgent ou assomment les animaux qu’ils vont manger, les autres ne voient pas cela », explique le chercheur, qui rappelle que les abattoirs ont été installés en dehors des villes en raison des sensibilités qui s’étaient développées, au XIXe siècle, autour de la question animale.
En tout état de cause, les réactions très expressives du public lors de ce débat montrent qu’il s’agit d’un vrai sujet de société. (...)