
Réduction du temps de travail, revenu garanti avec ou sans emploi. L’enrichissement du temps libre comme projet de société… en opposition radicale (à la racine) avec le projet thatchéro-macronien. André Gorz, un auteur majeur à lire pour remettre un peu d’imagination au pouvoir…
Dés 1972 André Gorz (Michel Bosquet) écrivait dans le Nouvel Observateur : « L’équilibre global dont la non-croissance – voire la décroissance – de la production matérielle est une condition, cet équilibre est-il compatible avec la survie du système ? ». Sans risque de trahison, nous pouvons affirmer que le systèmeinterrogépar Gorz est sans nul doute le capitalisme dont la perpétuation exige la croissance sans limites. De nombreux ouvrages postérieurs sont consacrés au démontage et dénonciation de la férocité capitaliste et de son infirmité morale. (...)
L’autolimitation comme projet social
La réduction du temps de travail est une pièce centrale de l’édifice politique de Gorz. La décroissance si elle ouvre des espaces de libertés, l’exercice réelle de cette autonomie à conquérir passe obligatoirement par une forte réduction du temps de travail (réduction féroce selon l’expression de Serge Latouche). (...)
Le concept d’anthropocène n’était guère en usage en 1972, l’écologie politique de Gorz sans employer le terme fait valoir que « à la différence des systèmes industriels, l’écosystème possède une capacité autogénératrice et autoréorganisatrice qui, due à son extrême diversité et complexité, lui permet de s’autoréguler et d’évoluer dans les sens de la complexité et de la diversité croissante. Cette capacité d’autorégénération et d’autoréorganisation est endommagés par les techniques qui tendent à rationaliser et à dominer la nature, à la rendre prévisible et calculable. » (p.22).
Le calculateur responsable de la mesure et coupable de démesure, c’est l’homo sapiens et dans son incarnation moderne capitaliste, prédatrice. En mai 2019, commentant le dernier rapport du GIEC bio-diversité, Pierre Cannet (WWF) déclare : « Une seule espèce, l’homme, menace l’ensemble du vivant. » (...)