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le Monde Diplomatique
En Afrique, une conjoncture favorable malgré la crise
Sanou Mbaye Economiste et écrivain sénégalais, auteur de L’Afrique au secours de l’Afrique, L’Atelier, Ivry-sur-Seine, 2009.
Article mis en ligne le 2 février 2012
dernière modification le 1er février 2012

Au moment où nombre de pays d’Afrique traversent la période économique la plus prospère de leur histoire depuis 1960, le Sénégal semble incapable de saisir sa chance. En 2010, le continent est le deuxième moteur de la croissance économique mondiale après l’Asie (1). Depuis 2000, les pays d’Afrique subsaharienne ont connu une croissance moyenne située entre 5 % et 7 %. Durant la récession mondiale de 2009, l’Afrique et l’Asie ont été les deux seules régions du globe où le produit national brut (PNB) s’est accru. En outre, les investissements directs étrangers (IDE) sur le continent noir sont passés de 9 milliards de dollars en 2000 à 62 milliards en 2008 (2).

Les transferts des émigrés représentent la seconde source de devises après les IDE. Plus de trente millions d’Africains vivant en dehors de leur pays d’origine envoient tous les ans plus de 40 milliards de dollars à leurs familles. L’achat de terrains, la construction de maisons, la mise sur pied d’une entreprise comptent parmi les premières activités financées par ces fonds.

Depuis le début des années 1990, la Chine, l’Inde, la Corée, la Malaisie, la Turquie ou le Brésil ont élargi la palette des partenaires commerciaux du continent (...)

Alors que l’euro traverse une crise et que la récession en Europe menace l’économie mondiale, l’Afrique présente un double avantage : elle offre le plus haut taux de rentabilité comparé à toute autre région et des valeurs refuges comme le pétrole, l’or, l’argent et le platine. (...)

Par ailleurs, l’Afrique dispose de 60 % des terres cultivables non exploitées du globe. C’est inestimable, pour peu qu’on ne brade pas ce potentiel comme on le fait actuellement (5). (...)

La jeunesse africaine constitue également un atout de croissance. Dans la décennie à venir, l’Afrique sera le seul continent où la population en âge de travailler continuera de croître (...)

Le pouvoir d’achat des Africains s’est par ailleurs accru. Durant la dernière décennie, le nombre des consommateurs de la classe moyenne — ceux qui dépensent 2 à 20 dollars par jour — a augmenté de plus de 60 % pour atteindre 313 millions de personnes actuellement (7). La propension à consommer et la capacité à investir de cette population sont de puissants moteurs de croissance.

Bien sûr, il y a loin de la coupe aux lèvres. (...)

Les pays africains, encore largement tributaires de leurs matières premières et de leur agriculture, devront développer des politiques d’industrialisation appropriées et se dégager des dogmes de l’ultralibéralisme.
(...)

Les pays émergents dont l’Afrique attend tant n’ont rien fait d’autre que de s’embarquer dans des programmes d’industrialisation exécutés sous le contrôle d’Etats jouant pleinement leur rôle de planificateurs et de régulateurs du processus de transformation et de modernisation de leurs économies. (...)

L’Afrique ne pourra faire exception à ces politiques éprouvées si elle veut elle aussi sortir du cycle infernal de la pauvreté, de l’instabilité, de la vulnérabilité aux chocs extérieurs et de la dépendance à l’« industrie de l’aide ».

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