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Le Monde Diplomatique
En Birmanie Des apatrides nommés Rohingya
Article mis en ligne le 9 novembre 2015

Depuis 1982, les Rohingyas ne sont plus officiellement birmans. Apatride, cette minorité musulmane visée par des campagnes haineuses est privée de droits élémentaires. Depuis l’indépendance de la Birmanie en 1948, les pouvoirs en place ont mené des politiques de délégitimation conduisant au nettoyage ethnique de « l’une des ethnies les plus persécutées du monde », pour reprendre une formulation de l’Organisation des Nations unies (ONU).

Les Rohingyas sont devenus à partir de 2012 la cible de Rakhines bouddhistes – ethnie dominante dans la région de l’Arakan, où vivent près d’un million de Rohingyas –, parmi lesquels le bonze Ashin Wirathu. Avec son mouvement 969, ce dernier assure vouloir « protéger l’identité bouddhiste ». Pourtant, les musulmans représentent moins de 5 % de la population birmane (cinquante et un millions d’habitants).

L’organisation non gouvernementale (ONG) Human Rights Watch (HRW) (1) accuse le gouvernement du président Thein Sein, élu en 2011, les autorités locales et les forces de sécurité d’être impliquées dans des attaques ciblées. Elle a listé les exactions : stérilisation forcée, refus de soins, destruction de villages, installation dans des camps de rétention, esclavage, viols et tortures sexuelles commis par des militaires, pogroms et arrestations arbitraires.

Comment la situation a-t-elle pu atteindre ces extrêmes ? « Une ère d’obscurantisme et de totalitarisme s’est abattue sur le pays avec le coup d’Etat du général Ne Win [en 1962] », explique la journaliste Sophie Ansel. Celui-ci « a imposé le bouddhisme comme religion d’Etat dans ce pays où cohabitent plusieurs confessions. Il a aussi lancé une propagande raciste dans les écoles et médias avant de mener des opérations de purification visant à débarrasser le pays des “étrangers” ». Les campagnes de 1978 et 1992 ont conduit à la fuite d’environ deux cent mille Rohingyas au Bangladesh. (...)