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En Grèce, des jeunes inventent leur mode de vie
Article mis en ligne le 28 septembre 2013
dernière modification le 23 septembre 2013

Nikos Kontonikas et Yiannis Papatheodorou ont chacun grandi et vécu dans des villes, mais n’ont jamais vraiment aimé cela ni pensé qu’ils y resteraient.
En août 2012, pour 20 000 euros, les deux amis achètent ensemble un hectare de terre qui n’a jamais connu d’occupation humaine. Il se situe en Grèce centrale dans le département d’Eubée, immense île séparée du continent par le détroit de l’Euripe, que l’on traverse grâce au pont routier de Chalcis. Le massif forestier dans lequel est nichée leur nouvelle vie plonge dans la mer Egée.

Pour y accéder, nous avons roulé trois heures depuis Athènes. Nous avons laissé Pili derrière nous, village de mille âmes aux nombreuses petites tavernes, puis Vlachia, qui compte une centaine d’habitants, pour grimper jusqu’à l’entrée du terrain de leur ami Andréas, où nous laissons la voiture.

Andréas vit ici depuis plusieurs années, désormais bien installé : deux maisonnettes en paille, une cuisine extérieure en argile, un potager qui les nourrit, lui et sa famille. À partir de là, nous avons marché pendant une vingtaine de minutes sur d’étroits chemins de terre, alternant entre l’ombre des arbres et la puissante lumière estivale de l’après-midi, entourés par une nature aux verts époustouflants. Nous sommes au mois de juillet. À chaque pas l’odeur de sève et des herbes sauvages nous emplit davantage, et fait oublier la ville d’où nous sommes venus.

Nikos a 28 ans. Il me raconte comment il a arrêté d’étudier l’économie pour se consacrer à la recherche d’un mode de vie qui ferait sens pour lui. (...)

Ils vont bientôt prendre le statut d’agriculteurs pour des raisons administratives. Pour le moment, l’objectif est d’atteindre une production suffisante pour leur consommation personnelle, puis ils espèrent pouvoir en vendre une partie dans quelques années. Pour gagner un peu d’argent, ils envisagent aussi de faire de l’écotourisme à bas coût, ainsi que de construire des maisons en matériaux naturels, paille ou argile, chez d’autres particuliers. Nikos aimerait développer au maximum le troc avec leur voisinage proche.

Ils démarrent une expérience de culture sans eau, suivant une technique qui est utilisée tout autour de la Méditerranée.
(...)

On ne cherche pas ici à éteindre et à faire redémarrer la société, mais à choisir consciemment dans ce qu’elle offre. Filtrer le règne de la quantité. Il leur serait notamment utile d’avoir une connexion à Internet, qui aujourd’hui ne vient pas jusqu’à eux. (...)

Selon lui les villages de Grèce ne sont pas reconquis, ainsi que le laisse entendre une jolie rumeur qui court jusqu’à nos contrées occidentales, mais réhabités provisoirement par des jeunes en souffrance économique. (...)

Le projet de Nikos et de Yiannis dépend assez peu de la crise d’un système auquel ils ne croyaient déjà pas. Ils ne l’ont pas construit en réaction à elle, mais bien en amont. L’avantage qu’ils retirent de la situation politique du pays est qu’elle aide leurs proches à accepter leur choix. « Nos familles ne nous considèrent plus comme des fous, mais peut-être comme ceux qui ont trouvé une solution. » Elle est étrange, cette solution. Remettre les pieds sur la terre. (...)