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Reporterre
En Haute-Loire, l’opposition monte contre des projets de minicentrales hydrauliques
Cet article est le second que Reporterre consacre à l’hydroélectricité. Le premier « La multiplication des microbarrages menace les dernières rivières sauvages »
Article mis en ligne le 11 mars 2019
dernière modification le 10 mars 2019

ENQUÊTE (2/2) - Une énergie stockable, générée localement, sans rejets de polluants… Les microcentrales hydrauliques ont de sérieux atouts. Qui n’emportent pas toujours l’adhésion des associations de défense de l’environnement et des habitants concernés, comme à Chamalières-sur-Loire ou à Chanteuges.

Avec l’appui des pêcheurs et des associations environnementales locales, la famille Quintin se bat contre ce projet, qu’elle juge « inutile et destructeur ». « Pour alimenter 200 foyers, ils vont abîmer plus d’un kilomètre de rivière », estime Françoise Quintin. D’après la mission régionale d’autorité environnementale, l’Auze présente « une très bonne qualité physico-chimique et un habitat favorable pour la truite fario dont elle accueille une population équilibrée et relativement abondante ». Les riverains comme les pêcheurs craignent que la réduction du débit de la rivière sur le tronçon concerné par le projet mette en danger les poissons. « C’est un projet monstrueux à des fins crapuleuses », fustige ainsi le président de la société de pêche locale, Paul Faurand.

« C’est l’accumulation des barrages qui pose problème »
Joseph Guibert, le porteur du projet, prévoit de construire un seuil et de dériver une partie du cours d’eau par un canal de 700 m puis une conduite forcée de 300 m qui débouchera sur une turbine. Joint par Reporterre, il assure que sa centrale sera « neutre » pour l’environnement. « Nous construirons des passes à poissons, et puis la faune s’adaptera. Il y avait des truites auparavant, alors qu’il y avait beaucoup plus de moulins qu’aujourd’hui. » Au téléphone, Jean-Marc Lévy, de France hydroélectricité, va dans ce sens : « On ralentit les poissons, certes, mais ils finissent toujours par franchir le seuil. »

Sauf que les passes à poissons ne sont pas la panacée : elles permettent, au mieux, de laisser passer neuf individus sur dix. Or, sur certains fleuves et leurs affluents, on compte des dizaines d’ouvrages. « C’est l’accumulation des barrages qui pose problème, explique Jacques Pulou, de la Frapna, joint par téléphone. S’il n’y avait qu’une retenue avec une passe bien faite, les poissons s’en sortiraient, mais nos rivières ont été transformées en succession de lacs. »

Face à la recrudescence des projets en Auvergne-Rhône-Alpes, Jacques Pulou s’est plongé dans les problèmes que pose la petite hydro. « L’argument des moulins ne tient pas, poursuit-il. Certes, il y avait beaucoup de moulins avant, mais ils ne fonctionnaient ni tous les jours ni avec le même débit. »(...)

Sauf que les passes à poissons ne sont pas la panacée : elles permettent, au mieux, de laisser passer neuf individus sur dix. Or, sur certains fleuves et leurs affluents, on compte des dizaines d’ouvrages. « C’est l’accumulation des barrages qui pose problème, explique Jacques Pulou, de la Frapna, joint par téléphone. S’il n’y avait qu’une retenue avec une passe bien faite, les poissons s’en sortiraient, mais nos rivières ont été transformées en succession de lacs. » (...)

Face à la recrudescence des projets en Auvergne-Rhône-Alpes, Jacques Pulou s’est plongé dans les problèmes que pose la petite hydro. « L’argument des moulins ne tient pas, poursuit-il. Certes, il y avait beaucoup de moulins avant, mais ils ne fonctionnaient ni tous les jours ni avec le même débit. » (...)

Bonnet de laine enfoncé sur la tête, Martin Arnould, naturaliste et membre de l’association Le chant des rivières, regarde passer l’Auze. Lui s’inquiète des conséquences sur la qualité de l’onde. « Un ouvrage qui transforme une eau courante en une retenue d’eau stagnante entraîne forcément une dégradation de la qualité de l’eau, explique-t-il. Faire un mur sur une rivière induit une modification des écosystèmes aquatiques, pour les êtres vivants, pour les sédiments. » (...)

Une énergie somme toute « peu traumatisante », selon les hydroélectriciens

À quelques dizaines de kilomètres de l’Auze coule une autre rivière, elle aussi menacée : la Desges, un affluent de l’Allier. À Chanteuges, un petit village, la communauté de communes des Rives du Haut Allier a acheté un moulin en 2016. C’est là qu’elle compte construire une microcentrale, à moins d’un kilomètre du Conservatoire national du saumon sauvage. Depuis novembre 2017, le chantier est à l’arrêt, enlisé dans des recours juridiques et des incertitudes quant à sa rentabilité. (...)

À quelques dizaines de kilomètres de l’Auze coule une autre rivière, elle aussi menacée : la Desges, un affluent de l’Allier. À Chanteuges, un petit village, la communauté de communes des Rives du Haut Allier a acheté un moulin en 2016. C’est là qu’elle compte construire une microcentrale, à moins d’un kilomètre du Conservatoire national du saumon sauvage. Depuis novembre 2017, le chantier est à l’arrêt, enlisé dans des recours juridiques et des incertitudes quant à sa rentabilité. (...)

Les associations dénoncent un manque de concertation et des études d’impact peu poussées
« Les microcentrales sont bien souvent parachutées, sans consultation réelle pour prendre en compte toutes les parties prenantes », observe Simon Burner, de SOS Loire vivante. Étude d’impact bâclée, enquête publique insatisfaisante, manque d’information… « Nous avons besoin d’une véritable concertation autour de ces projets mais cela prend du temps et demande des moyens humains », dit Olivier Berland. Animateur au sein d’Énergie partagée, une association qui accompagne et finance des projets citoyens d’énergies renouvelables, il réfléchit depuis plusieurs mois à une charte de l’hydroélectricité, pour définir les lignes rouges et les points verts. « L’hydro peut être une solution renouvelable, locale, mais il faut la réfléchir au plus près du terrain, par un travail de médiation, d’étude d’impact très poussée », dit-il. (...)

Les associations dénoncent un manque de concertation et des études d’impact peu poussées
« Les microcentrales sont bien souvent parachutées, sans consultation réelle pour prendre en compte toutes les parties prenantes », observe Simon Burner, de SOS Loire vivante. Étude d’impact bâclée, enquête publique insatisfaisante, manque d’information… « Nous avons besoin d’une véritable concertation autour de ces projets mais cela prend du temps et demande des moyens humains », dit Olivier Berland. Animateur au sein d’Énergie partagée, une association qui accompagne et finance des projets citoyens d’énergies renouvelables, il réfléchit depuis plusieurs mois à une charte de l’hydroélectricité, pour définir les lignes rouges et les points verts. « L’hydro peut être une solution renouvelable, locale, mais il faut la réfléchir au plus près du terrain, par un travail de médiation, d’étude d’impact très poussée », dit-il.

Problème, les services de l’État n’ont pas les moyens de mener de telles concertations, de même que les porteurs de projet. (...)

l’hydro présente de sérieux atouts pour changer de système énergétique. Elle valorise la force motrice de l’eau, sans prélèvement ni rejet de polluants. En « jouant » sur l’ouverture des vannes, elle permet d’ajuster la production à la demande, pour faire face aux variations de la consommation, et notamment aux pics, lors des nuits d’hiver glaciales par exemple. Elle est relativement fiable et facilement stockable, grâce aux réservoirs de barrages, ce qui n’est pas le cas des autres énergies renouvelables. « Les petits barrages rendent de nombreux services à la biodiversité, ajoute M. Lévy. Ils permettent de gérer dans une certaine mesure les niveaux d’eau, pendant les crues et l’étiage. Les hydroélectriciens participent à la gestion des berges, en récupérant les déchets, en entretenant la végétation sur les berges. »

« Lorsque le projet est bien géré et le site pas trop fragile, ça marche bien »

l’hydro présente de sérieux atouts pour changer de système énergétique. Elle valorise la force motrice de l’eau, sans prélèvement ni rejet de polluants. En « jouant » sur l’ouverture des vannes, elle permet d’ajuster la production à la demande, pour faire face aux variations de la consommation, et notamment aux pics, lors des nuits d’hiver glaciales par exemple. Elle est relativement fiable et facilement stockable, grâce aux réservoirs de barrages, ce qui n’est pas le cas des autres énergies renouvelables. « Les petits barrages rendent de nombreux services à la biodiversité, ajoute M. Lévy. Ils permettent de gérer dans une certaine mesure les niveaux d’eau, pendant les crues et l’étiage. Les hydroélectriciens participent à la gestion des berges, en récupérant les déchets, en entretenant la végétation sur les berges. » (...)

« Lorsque le projet est bien géré et le site pas trop fragile, ça marche bien »

Mais un autre facteur pourrait bien venir compromettre l’avenir de la filière hydroélectrique : le changement climatique. Les centrales sont en effet très dépendantes du débit des rivières. Or, les résultats du projet Explore 2070, menés par le bureau d’études BRL ingénieries, l’Irstea et Météo France montrent une baisse très probable des écoulements fluviaux. (...)