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Le monde
En Israël, des ONG se défendent contre une vaste campagne de diffamation
Article mis en ligne le 12 février 2016

La « cinquième colonne » fait front. Visées par une campagne de diffamation sans précédent du gouvernement et de la droite nationaliste israélienne, plusieurs dizaines d’organisations de défense des droits de l’homme se sont donné rendez-vous, vendredi 5 février, dans le port de Tel-Aviv. Ces ONG ont organisé un rassemblement festif dans une grande salle de concert, pour lancer un cri d’alarme et se compter.

Cinq de ces ONG les plus emblématiques ont tenu une conférence de presse pour exprimer leur colère et leur effarement devant « les efforts orchestrés et coordonnées pour détruire la société civile », selon la directrice de Rompre le silence, Yuli Novak. Cette organisation regroupant des vétérans de l’armée a été l’une des cibles choisies par l’organisation d’extrême droite Im Tirtzu. Celle-ci a lancé les hostilités au début de décembre en diffusant une vidéo qui prenait pour cibles quatre activistes de plusieurs organisations, qualifiés de « taupes » et de complices des terroristes palestiniens. Le parquet général n’y a pas vu de raison suffisante pour ouvrir une enquête. Pas plus que la publication régulière des téléphones et des adresses personnelles des activistes. Depuis, Im Tirtzu a dévoilé sur Facebook une liste d’artistes, comprenant les écrivains David Grossman et Amos Oz, accusés d’être des agents de l’étranger pour leur soutien aux ONG de gauche. Une initiative qui a suscité cette fois des condamnations unanimes de la classe politique.

« Les attaques contre la société civile ne finissent pas avec les organisations combattant l’occupation [en Cisjordanie], mais elles commencent certainement par elles », résume Hagai El-Ad, directeur de B’Tselem, qui documente les violations des droits des Palestiniens par l’armée et les colons. Selon l’activiste, cette « campagne orchestrée » a une double dimension : des textes présentés à la Knesset, le Parlement israélien, et un véritable déchaînement de haine sur les réseaux sociaux.

Ces attaques ne provoquent pas de forte mobilisation au sein de la société israélienne. (...)

Plusieurs textes de loi ont été mis sur la table des députés, depuis deux mois. Le premier visait à enregistrer comme « agents étrangers » les organisations touchant des fonds de l’extérieur. Un deuxième, à l’initiative de plusieurs députés de la droite radicale et religieuse, réclamait l’interdiction de Rompre le silence, qualifiée d’« organisation subversive voulant changer la politique d’Israël par des méthodes non démocratiques ». Un troisième projet a été avancé par la ministre de la justice, Ayelet Shaked. Ce texte, prétendument « de transparence », pas encore soumis au vote, prévoit que les ONG recevant plus de la moitié de leur financement de gouvernements étrangers devront le mentionner dans leurs rapports officiels et leurs représentants seront obligés de porter un badge spécial au Parlement. Le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a fait retirer cet avilissement vestimentaire. Mais l’essentiel demeure : une volonté de marquer au fer rouge. « On publie déjà tous les tro
is mois sur notre site la liste de nos dotations », souligne Yuli Novak. (...)