
Dioxine dans la mozzarella, choux-fleurs fluos et cancers en augmentation. En Campanie, depuis les années 1990, la mafia a traité les déchets par le feu et la population en paie aujourd’hui le prix.
Au pied de « l’Asse mediano » – axe routier Naples/Caserte dont le ciment et l’asphalte regorgeraient, selon l’association écologiste Legambiente, de déchets toxiques enfouis au moment de sa construction – la « Guardia Forestale » effectue une inspection. « Simple contrôle de routine », assure l’un des agents, tentant de chasser les curieux. Des douilles de cartouches de carabine recouvrent le sol. Deux ouvriers d’origine étrangère poursuivent impassiblement leur tâche, élaguant patiemment des plants de fraisiers.
A moins de 100 mètres de là, un monticule recouvert de végétation barre l’horizon. « Voilà l’une des décharges où les ordures ménagères de Naples ont été entassées, au plus fort de la crise en 2008 », explique Vincenzo Tosti, médiateur social à la retraite qui dénonce énergiquement les déversements clandestins de déchets sur les parcelles agricoles de l’arrière-pays napolitain. « Regardez, là ça s’est effondré, on voit bien les sacs plastiques, les boîtes, les emballages. C’est dégoûtant. »
Sur le flanc de cette colline artificielle, il montre du doigt des monticules d’amiante, des tas de bidons de produits chimiques et des chutes de cuir et tissus synthétiques à moitié carbonisés. « Ils viennent déverser ces déchets ici, ensuite ils incendient un pneu pour faire tout disparaître et il se dégage une épaisse fumée noire. »
La terre fertile souillée
Entre janvier 2012 et août 2013, les pompiers de la région ont recensé 6 034 incendies clandestins dans 49 communes alentour. (...)