
Dans un contexte de violences entre factions rivales, l’offensive du général Khalifa Haftar contre les islamistes aggrave les fractures qui divisent les Libyens. Si les négociations entamées sous la houlette des Nations unies se poursuivent, la présence de groupes affiliés à l’Organisation de l’Etat islamique renforce l’éventualité d’une intervention étrangère, aux conséquences plus qu’incertaines.
(...) la Libye semble au bord de l’implosion. La sécurité publique ne cesse de s’y dégrader. (...)
nombre de journalistes, qui ne peuvent effectuer que de très courts séjours sur place, utilisent désormais le qualificatif de « chaotique » pour décrire la situation. Après l’usage des termes binaires « démocratie contre dictature » en 2011, puis « milices contre société civile », ou encore « islamistes contre libéraux », ce choix sémantique découle de l’incapacité — ou du refus — d’appréhender les événements. Il témoigne aussi de l’absence de grille d’analyse (...)
Si l’on ne peut nier l’occurrence d’un moment révolutionnaire en février 2011 dans plusieurs villes, dont Benghazi, la réalité est que, après quelques jours d’une insurrection populaire rapidement militarisée, le pays a basculé dans la guerre civile. (...)
aucun ordre sociopolitique stable ni à plus forte raison aucun Etat n’a pu émerger. Cela tient au retour en force des « identités primaires », façonnées et définies par les appartenances locales et les particularismes propres à chaque groupe, ou sous-groupe, ethnique ou tribal. (...)
La dissémination des armements de tout calibre et le recours à la violence comme mode de règlement du conflit ont aggravé la situation. Les embryons d’Etat et d’armée régulière érigés sous le règne de Kadhafi se sont volatilisés avec lui. Aucune structure officielle disposant du monopole légitime de la violence n’a pu se constituer, du fait de la concurrence entre villes, factions et régions. (...)
Contrairement aux arguments des partisans d’une nouvelle intervention militaire étrangère, qui ne ferait qu’aggraver la guerre civile, l’une des pistes à explorer réside dans l’action du représentant spécial des Nations unies, M. Bernardino León. Avec patience, et dans les limites du mandat qui lui a été confié par le Conseil de sécurité, ce dernier tente d’inclure toutes les parties, y compris les acteurs locaux et certains chefs de milice, aux sessions de son dialogue national. (...)