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la Croix
En Turquie, la crise prend la population à la gorge
Article mis en ligne le 31 janvier 2022

(...) La monnaie nationale a perdu 45 % de sa valeur face au billet vert en un an. Officiellement, l’inflation était de 36 % sur un an au mois de décembre, mais le principal parti d’opposition dénonce une manipulation des chiffres. De son côté, le président Recep Tayyip Erdogan rappelle à l’envi son engagement à maintenir des taux d’intérêt faibles, à rebours des théories économiques classiques.

« Le souci du président Recep Tayyip Erdogan n’est pas de mettre en place une politique pérenne mais de contenter sa base électorale, dénonce l’économiste Mustafa Sönmez. Le gouvernement ne parvient pas à enrayer l’inflation, donc il essaie de compenser autrement avec la revalorisation du salaire minimum et des retraites. »
Des combines pour payer moins cher

Il n’y a désormais plus de petites économies. « 90 % des gens détournent le système pour payer les transports moins cher. Je n’ai jamais rechargé autant de cartes de transport “étudiant”. La Turquie a sans doute un taux d’alphabétisation record », lance avec malice la vendeuse d’un kiosque à journaux de l’arrondissement de Fatih, quartier conservateur de la rive européenne d’Istanbul. Avec l’augmentation des prix tous azimuts, le pouvoir d’achat des Turcs fond comme neige au soleil.

(...) La monnaie nationale a perdu 45 % de sa valeur face au billet vert en un an. Officiellement, l’inflation était de 36 % sur un an au mois de décembre, mais le principal parti d’opposition dénonce une manipulation des chiffres. De son côté, le président Recep Tayyip Erdogan rappelle à l’envi son engagement à maintenir des taux d’intérêt faibles, à rebours des théories économiques classiques.

« Le souci du président Recep Tayyip Erdogan n’est pas de mettre en place une politique pérenne mais de contenter sa base électorale, dénonce l’économiste Mustafa Sönmez. Le gouvernement ne parvient pas à enrayer l’inflation, donc il essaie de compenser autrement avec la revalorisation du salaire minimum et des retraites. »
Des combines pour payer moins cher

Il n’y a désormais plus de petites économies. « 90 % des gens détournent le système pour payer les transports moins cher. Je n’ai jamais rechargé autant de cartes de transport “étudiant”. La Turquie a sans doute un taux d’alphabétisation record », lance avec malice la vendeuse d’un kiosque à journaux de l’arrondissement de Fatih, quartier conservateur de la rive européenne d’Istanbul. Avec l’augmentation des prix tous azimuts, le pouvoir d’achat des Turcs fond comme neige au soleil. (...)

« J’ai décidé d’arrêter de fumer !Le paquet de cigarettes est beaucoup trop cher », lance Ömer, quadragénaire, dans son atelier de confection du quartier périphérique de Küçükçekmece. « Mes ventes ont diminué de 50 % », renchérit son ami Yemen, propriétaire d’un débit de boissons dans la même rue.

Père de deux enfants, son revenu ne suffit pas à subvenir aux besoins de la famille. Il a dû envoyer son fils aîné sur des chantiers de construction avant de terminer le lycée. Bien qu’il fasse très attention à diminuer sa consommation de gaz et d’électricité, il appréhende l’arrivée des factures à la fin du mois. (...)

Une économie en trompe-l’œil

Le salaire minimum a été multiplié quasiment par deux pour l’année 2022 (4 253 livres turques soit 275 €, NDLR) mais la Confédération des syndicats ouvriers place le seuil de pauvreté à 13 000 livres turques (soit 840 €) pour une famille de quatre personnes.

Au troisième trimestre 2021, la Turquie a enregistré un taux de croissance de 7,4 % essentiellement grâce aux exportations, dynamisées par la dévaluation de la livre turque.

À Istanbul, les ventes de pain subventionné par la municipalité ont augmenté de 25 % en un mois, atteignant 2 millions de pains par jour. (...)