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Slate.fr
En Ukraine, statues de Lénine et drapeaux soviétiques réapparaissent dans les villes occupées
Article mis en ligne le 25 avril 2022
dernière modification le 24 avril 2022

La Russie cherche à réimposer les symboles de l’empire déchu dans les territoires occupés, tout en gommant l’identité nationale ukrainienne.

Le mot d’ordre du 24 février était la « dézanification », mais très rapidement, l’invasion de l’Ukraine par l’armée russe a pris des allures de colonisation. La semaine dernière, les habitants de la ville balnéaire de Henichesk, au bord de la mer d’Azov, dans le sud-est de l’Ukraine, ont vu une figure bien familière revenir sur la place centrale : une statue de Lénine a été érigée devant le bâtiment du conseil municipal, au sommet duquel ont été installés des drapeaux russes et soviétiques. Juste à temps pour célébrer l’anniversaire de la mort du leader de l’URSS, le 21 janvier.

Henichesk a fait partie des premières villes ukrainiennes prises par l’armée russe. Avec ses 20.000 habitants, elle pourrait bientôt faire partie d’une « République populaire de Kherson » : c’est en tout cas ce que craint le président Volodymyr Zelensky, qui accuse la Russie de vouloir organiser de faux référendums dans les territoires occupés, afin de déclarer l’indépendance dans les régions de Kherson et Zaporijjia. (...)

Ce simulacre de référendum avait déjà scellé l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, et c’est par le même procédé que Vladimir Poutine s’était félicité de pouvoir reconnaître l’indépendance des territoires séparatistes de Donetsk et de Lougansk, trois jours avant le début de l’invasion de l’Ukraine. (...)

Depuis, les premiers objectifs affichés par les forces russes qui consistaient à « démilitariser » et « dénazifier » l’Ukraine ont laissé place à un discours ouvertement expansionniste de conquête des territoires ukrainiens. (...)

D’ici-là, c’est tout un travail de propagande, d’intimidation et de cooptation qui est mené par les Russes dans les territoires occupés. Arrestations, tortures, disparitions, massacres sont devenus des expériences bien familières dans les villes où les blindés russes ont roulé. Cette politique de destruction se double naturellement d’un contrôle de l’information, et de sa réécriture : les nouvelles autorités ferment les médias indépendants et coupent la télévision ukrainienne, pour les remplacer par des chaînes russes émettant depuis la Crimée.

À Henichesk, c’est le maire, Oleksandr Tulupov, qui a disparu le 9 mars, et qui a été remplacé par Gennady Sivak, un activiste pro-russe ayant vécu pendant huit ans en Crimée annexée. Les habitants rapportent que la ville fait l’objet d’une politique d’effacement l’identité nationale de l’Ukraine, et de « recommunisation » forcée. (...)

Un communisme suranné

(...) Pour l’historienne et journaliste Anne Applebaum, « comme la Russie moderne ne représente rien d’autre que la corruption, le nihilisme et le pouvoir personnel de Poutine, ils ont ramené les drapeaux soviétiques tout comme les statues de Lénine pour symboliser la victoire russe ». (...)