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En direct de n’importe quoi : Philippe Val et le journalisme
Article mis en ligne le 4 juin 2015

Pourquoi revenir sur le dernier chef d’œuvre de Philippe Val, Malaise dans l’inculture, alors que nous avons déjà honoré le marathon promotionnel que l’ex-patron de France Inter a couru en quelques jours ? Parce que dans ce livre informe, il est question du journalisme et que la nullité du propos de son auteur n’a ni dissuadé des journalistes de l’accueillir ni incité ceux-ci à réagir. Notre dévouement étant sans limites, c’est à nous qu’il revient donc de défendre le journalisme contre Philippe Val.

Passé maître dans l’art de mélanger le n’importe quoi avec le pas grand-chose, Philippe Val, en effet, a mitonné un long chapitre qui confirme les talents culinaires dont il fait preuve dans l’ensemble de son opus de philosophie politique : « Le journalisme malade du sociologisme » (p. 214-277).

Découvertes en toc

Notre cuistot commence d’abord par touiller dans son brouet une découverte scientifique : les « deux gènes » du journalisme (p. 214-216). L’un informe, l’autre « emploie le dénigrement, l’insulte […], la rumeur, l’à-peu-près, la suspicion, le discrédit ». Philippe Val préfère le premier, mais pratique le second, comme toute son œuvre à Charlie hebdo permet de le vérifier [1], et comme la bêtise sans malaise de son livre l’atteste une fois encore.

Vient ensuite une deuxième découverte scientifique : les « deux familles » du journalisme (p. 216-218). L’une s’en tient aux « choses visibles » et l’autre traque « les choses cachées ». Peu importe si parmi les « choses cachées », il y a des causes impersonnelles qui, à l’instar de la « main invisible du marché », expliquent ce que l’on voit : Philippe Val préfère la première famille, mais appartient – hélas, dans son cas ! – à la seconde.

Car, voyez-vous – troisième révélation scientifique –, notre penseur à grande vitesse a découvert, parmi les causes de la crise du journalisme, une « crise interne » (?) et, du même coup, l’origine (qui ne saute pas aux yeux) de cette crise : « Elle trouve son origine dans le courant dominant de la sociologie française sur lequel Bourdieu règne sans partage ». Et le savant homme d’ajouter : « Tout commence par une critique des médias […] » (p. 218-219). (...)