
Le mouvement de protestation contre le franc CFA s’étend en Afrique francophone. Des manifestations réunissant plusieurs centaines de manifestants mais aussi des conférences publiques, dans les capitales africaines et à Paris, réclament la fin de cette monnaie issue de la colonisation. Les associations se mobilisent dans les grandes villes du continent, forçant les autorités à réagir, parfois maladroitement (...)
Créé en 1945, le franc CFA signifiait alors « franc des colonies françaises d’Afrique ». Après les indépendances, il fut rebaptisé « franc de la communauté financière africaine ». En 2017, il existe en deux versions et circule dans deux zones économiques regroupant quatorze pays en Afrique de l’Ouest et en Afrique centrale.
Le franc CFA pose deux types de questions, économiques et politiques.
Du point de vue économique, est-il un frein au développement du continent ? (...)
Du point de vue politique, le franc CFA pose la question de l’indépendance des pays africains. La monnaie est en effet un attribut de la souveraineté. C’est un outil essentiel de la politique économique d’un pays.
En pratique, l’obligation faite aux États concernés de déposer 50 % de leurs réserves de change auprès du Trésor français prive des pays parmi les plus pauvres du monde de leurs précieuses ressources. En 1994, la dévaluation de 100 % du CFA, voulue par le gouvernement français d’Édouard Balladur avec la complicité des dirigeants africains de d’époque, a causé des désastres sociaux et de terribles souffrances aux populations du continent noir.
Il est temps qu’un vrai débat se développe sur l’avenir monétaire de l’Afrique francophone et que ce débat implique au premier chef les économistes et les populations du continent. (...)