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En même temps
Vincent Glenn avril 2021
Article mis en ligne le 4 avril 2021
dernière modification le 3 avril 2021

C’est une histoire d’en même temps. La simple énumération de ce qu’il se passe ressemble de plus en plus à un film des Marx Brother remixé par Guy Debord et Stanley Kubrick. Alors dans ce en même temps, je nous souhaite d’oser rompre, d’oser vaincre, d’oser changer de rythme et d’objectifs humains prioritaires. D’autres imaginaires ?

C’est une histoire d’En Même Temps

Un « En même temps » où le passeport sanitaire est voté au Parlement européen

En même temps qu’un footballeur se voit infligé une amende de 50 000 euros parce qu’il est venu en Mercedes et pas en Audi à l’entraînement

En même temps que des étudiants font la queue pour des repas à un euro

En même temps qu’il nous est rappelé que 37 des 50 plus grosses entreprises et fortunes françaises, profitent d’un système scandaleux mais légal, pour soustraire des dizaines de milliards d’euros à l’effort de solidarité nationale de leur pays

En même temps que des dizaines de Théâtres sont occupés et chapitrés comme des enfants turbulents par une ministre de la culture poly-incompétente

En même temps que France 2 leur consacre 8 secondes au journal télévisé dans le week end

En même temps que le camarade Aleveque est censuré par YouTube pour avoir publié un sketch où il cite des chiffres, tous vérifiés, sur différentes morbidités en cours

En même temps qu’on s’apprête à durcir les conditions des chômeurs précaires au 1er juillet

En même temps que les 50 nuances de gauche ne semblent toujours pas produire l’ombre d’une excitation au sein du peuple. (...)

En même temps que Zemmour se présidentialise à son tour

En même temps que les manifestants birmans se font massacrer mais résistent avec un courage inouï

En même temps que les services secrets continuent de rendre des services secrets

En même temps qu’on a appris à vivre avec eux, à en faire des séries à la télé et à nous exciter sur la fabrique des « légendes » (...)

En même temps que la sécurité globale progresse sur les ailes des drones

En même temps qu’on hésite à retirer du marché un vaccin mais qu’on n’hésite pas à promouvoir des vaccinodromes

En même temps que le mot convivialité a été effacé du dictionnaire et que les saltimbanques sont mentionnés comme des « rebelles » parce qu’ils (s’)occupent des théâtres

En même temps que le printemps est là

En même temps que les hôpitaux sont saturés et qu’on déprogramme des opérations « non essentielles » pour libérer des lits

En même temps que le méli melo de l’info-marchandise continue d’embrouiller à grande vitesse et gigadébit et que tout le monde ou presque trouve ça normal

En même temps que la peur a contaminé les peuples en profondeur et partout jusqu’à renforcer comme jamais les discours appelant à ce qu’il y ait plus d’ordre, plus d’ordre, et encore plus d’ordre

En même temps que les prisons sont saturées

En même temps, quand même aussi, qu’Edwy Plenel ose dire qu’il n’y pas de réalités islamo-gauchistes mais qu’il y a bien un islamo-capitalisme incarné par les pétromonarchies, Arabie saoudite en tête

En même temps que Cédric Herrou, relaxé définitivement après 11 gardes à vue, apporte la preuve que la solidarité vis à vis des migrants n’est pas un délit, et que sa colère rappelle à quel point s’étaient banalisées les opinions qui promeuvent le contraire

En même temps qu’on a le temps de pleurer, mais aussi de regarder mieux ce qui compte pour de vrai dans nos vies de mortels et pourtant si incroyables humains

En même temps que les « réseaux sociaux » résooooonnent dans les grandes oreilles bienveillantes des « GAFAM »

En même temps que je n’ai pas envie d’en rester là

Alors dans ce même temps, je nous souhaite d’oser rompre, d’oser vaincre, d’oser changer de rythme et d’objectifs humains prioritaires

Dans ce même temps là, je nous souhaite un 1789 sans guillotine, un 1789 joyeux, pacifique, radical mais traquant comme autant de pestes émotionnelles l’hystérie collective et la cruauté des tondeurs après l’occupation

Dans ce même temps, je nous souhaite de comprendre qu’il faut soigner, soigner et encore soigner, accepter que nous sommes tous un peu névrosés, que ça n’est pas nécessairement grave, que dans la plupart des cas ça se traite et qu’on peut souvent en guérir

Dans ce même temps, je nous souhaite non pas de « psychologiser les luttes » mais de voir partout où il est possible de cesser, ici et tout de suite, d’alimenter l’extension du domaine des hypermarchés, de stopper la déshumanisation par les machines, d’arrêter de produire quand cela n’a pas de sens

Je nous souhaite de ré-œuvrer par dessus tous les désœuvrements

Je nous souhaite de faire renaître la liberté elle-même en la reprenant au « libéralisme »

Je nous souhaite de poursuivre tout ce qui fait le meilleur de l’humain, sa dignité, son goût pour le juste, le vrai, le beau, sans jamais perdre de vue que les humiliations sont à la source des plus grandes saloperies commises par « homo sapiens » (...)

Et dans ce temps là,

nous sortirons respirer en arrêtant de couvrir les feux

nous donnerons aux hôpitaux de vrais moyens, grâce à de vrais élu-es à qui nous interdirons strictement de mentir sous peine de destitution immédiate

Dans ce même temps là, nous veillerons pour de vrai sur ceux et celles à qui il faut vraiment faire attention : nos vieux, nos fragiles, nos personnes « à risque »

Dans ce même temps là, nous ne serons pas soupçonnables de vouloir « stigmatiser » quand nous dirons « protéger », et nous n’utiliserons pas non plus ce mot comme synonyme de déviance « protectionniste »

Dans ce même temps là, nous aurons collectivement compris que nous étions plongés dans une société d’inattention, qui ordonnait à chacun de dépenser une énergie considérable à s’occuper de son cul, de ses masques, de ses tests, de ses vaccins, de ses fake news, de ses attestations, de ses amendes, de ses peurs, et inversement, de consacrer très peu de temps et d’attention réelle à ceux qui risquaient pour de vrai de mourir de ce satané virus

Dans ce même temps là, nous lancerons une grande politique de démystification (...)

Et dans ce temps là,

nous sortirons respirer en arrêtant de couvrir les feux

nous donnerons aux hôpitaux de vrais moyens, grâce à de vrais élu-es à qui nous interdirons strictement de mentir sous peine de destitution immédiate

Dans ce même temps là, nous veillerons pour de vrai sur ceux et celles à qui il faut vraiment faire attention : nos vieux, nos fragiles, nos personnes « à risque »

Dans ce même temps là, nous ne serons pas soupçonnables de vouloir « stigmatiser » quand nous dirons « protéger », et nous n’utiliserons pas non plus ce mot comme synonyme de déviance « protectionniste »

Dans ce même temps là, nous aurons collectivement compris que nous étions plongés dans une société d’inattention, qui ordonnait à chacun de dépenser une énergie considérable à s’occuper de son cul, de ses masques, de ses tests, de ses vaccins, de ses fake news, de ses attestations, de ses amendes, de ses peurs, et inversement, de consacrer très peu de temps et d’attention réelle à ceux qui risquaient pour de vrai de mourir de ce satané virus

Dans ce même temps là, nous lancerons une grande politique de démystification (...)

J’alerte enfin ceux qui pensent que la violence fait peur aux dominants. Dans le contexte actuel, elle ne fait que justifier plus de matraque, plus de tenues de robocop, plus de drones et de caméras de surveillance. Il est fort compréhensible que les jeunes dotés de ce non-avenir, et pourtant chargés d’une énergie phosphorique, aient envie de tout cramer, de tout faire valser, de fracasser ces « forces de l’ordre » au service de tant de connerie, de mensonge et d’injustice. Raisons de plus pour leur suggérer toutes sortes de pistes pour que cette énergie aille vers de l’utile, de la connaissance, de la création, l’organisation des solidarités, l’édification de maisons des biens communs, partout et dès que possible.

Et si nous devons cramer quelque chose, attaquons-nous à l’imaginaire de devenir banquier à 25 ans. Ou plutôt rendons le moins désirable que beaucoup d’autres.

En ce sens, nous devrons montrer que l’on peut être à la fois localiste et internationaliste au moins autant que républicains de France ou de Navarre. Et écrire un nouveau chapitre de notre histoire.