
Eclipsé par l’actualité à Alep, Bagdad ou même Bruxelles et Nice, le Yémen est très peu couvert par les médias internationaux, malgré l’ampleur du conflit qui y fait rage depuis 16 mois et la crise humanitaire croissante.
Comme la Syrie, le Yémen subit des sièges. Le traumatisme de la guerre à l’origine de l’augmentation du nombre de fausses-couches, d’enfants morts-nés et de décès néonatals est rarement évoqué. Cette situation a touché Nasser al-Sakkaf, contributeur à IRIN, qui craignait que sa femme enceinte ne soit la prochaine victime. Voici son histoire :
Je suis journaliste et cela fait 16 mois que j’écris des articles sur la guerre dans mon pays, le Yémen, et sur le siège de ma ville, Taïz.
Je me suis marié il y a peu de temps et j’ai toujours rêvé d’avoir un enfant. Quand notre médecin m’a dit que ma femme était enceinte, j’étais tellement heureux que j’ai appelé mes parents et mes amis pour leur annoncer la bonne nouvelle – elles sont rares en temps de combats.
Les cinq premiers mois de grossesse ont été un vrai bonheur. Puis ma femme a fait un malaise.
J’étais inquiet. Environ 80 pour cent des hôpitaux de Taïz ont fermé leurs portes et il n’y en a plus qu’un – celui d’al-Modhafar – qui accueille les femmes enceintes.
Les médecins de cet établissement nous ont dit que ma femme avait une tension artérielle très basse et qu’elle avait besoin d’oxygène. Nous avons eu de la chance, car il y en avait – les rebelles houthistes encerclent la ville (ils luttent contre des combattants plus ou moins alliés à l’Arabie saoudite) et en général, les bouteilles d’oxygène arrivent ici par le biais des trafiquants. (...)