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Énergies renouvelables : les prix baissent, l’avenir s’ouvre
Article mis en ligne le 15 juillet 2018
dernière modification le 14 juillet 2018

L’Union européenne a révisé à la hausse son objectif d’énergies renouvelables à l’horizon 2030, rendu possible par la baisse spectaculaire de leur coût. Cette nouvelle donne invalide les arguments français pour maintenir la part du nucléaire, selon notre chroniqueur.

il faut comprendre qu’il s’agit de l’ensemble des consommations énergétiques (notamment les carburants pour les automobiles et les combustibles pour le chauffage) et non de la seule la consommation d’électricité. En France, par exemple, la production électrique ne couvre que 22 % de la consommation finale d’énergie, contre 64 % pour le gaz et le pétrole [1]. L’objectif européen est d’autant plus réalisable qu’il s’inscrit dans un plan d’efficacité énergétique : on augmente la part des renouvelables, en même temps qu’on diminue la consommation énergétique. Malheureusement, la directive européenne sur l’efficacité énergétique, qui prévoit en pratique une diminution de la consommation d’énergie de 0,8 % par an de 2021 à 2030, n’est pas contraignante pour les États membres ; et des décisions aussi simples qu’imposer une réduction progressive du poids des automobiles, peser sur les émissions des avions ou des navires, ou obliger à construire dès maintenant des bâtiments passifs (comme en région Bruxelles-Capitale) ne sont pas prises.

Les énergies renouvelables, comparées aux énergies fossiles, sont déjà compétitives
L’objectif européen pour les énergies renouvelables est sous-tendu par la baisse spectaculaire des coûts de production de l’électricité solaire ou éolienne. Il faut donner des ordres de grandeur pour se rendre compte de la révolution qui s’accomplit : le prix des modules photovoltaïques a été divisé par cinq depuis 2010, le coût d’un kWh d’électricité éolienne a baissé de 40 % depuis cette même année [2]. (...)

Ces baisses de coûts de production de l’électricité solaire et éolienne, et ceux des technologies d’équilibrage du réseau bouleversent complètement l’équation économique du secteur électrique. Conséquence : en 2017, l’investissement dans le secteur des renouvelables, hors gros hydraulique, a atteint 279 milliards de dollars (plus de la moitié dans le solaire) contre 103 milliards dans les nouvelles centrales électriques à gaz ou au charbon, 42 milliards dans de nouveaux réacteurs nucléaires, et 45 dans les grands barrages [4]. D’ici 2050, 11.500 milliards de dollars seront investis dans de nouvelles capacités de production d’électricité renouvelable (dont les 2/3 dans l’éolien et le photovoltaïque), contre seulement 1.500 milliards dans les autres sources faiblement carbonées, dont l’hydraulique et le nucléaire [5].

Dit plus simplement, les énergies renouvelables, comparées aux énergies fossiles, sont déjà compétitives ; et comparées au nucléaire, elles produisent de l’électricité deux à quatre fois moins chère. (...)

La France peut accélérer fortement le déploiement des énergies renouvelables et parallèlement réduire ses capacités nucléaires sans renoncer à fermer ses centrales à charbon
En France, il faudra attendre la fin de l’année pour connaître la traduction des objectifs européens dans la nouvelle programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Celle-ci doit notamment fixer l’équilibre entre les renouvelables et le nucléaire pour les dix ans à venir. Les défenseurs du nucléaire laissent entendre qu’une baisse rapide de la part du nucléaire dans le mix électrique français s’accompagnerait nécessairement d’une hausse des émissions (car cela obligerait, supposément, à augmenter la production d’électricité à base d’énergies fossiles).

Une étude commanditée par Energy Union Choices et la Fondation européenne pour le climat en partenariat avec le Cambridge Institute for Sustainable Leadership et intitulée « Plus propre, plus intelligent, moins cher : saisir les opportunités dans un système électrique européen en transition », tord le cou à cette idée.(...)

La part des énergies renouvelables dans la production électrique française pourrait ainsi atteindre 51 % en 2030 tout en maintenant des niveaux d’exportations importants.

En revanche, le maintien de capacités nucléaires supérieures à 40 GW associé à une production croissante des sources renouvelables aurait tendance à créer une surabondance d’électricité, avec le risque d’une baisse des prix de marché et une réduction de la profitabilité des réinvestissements dans les réacteurs existants.