
C’est à un sujet sociologiquement impur et philosophiquement inédit que s’intéresse Chantal Jaquet, professeur à Paris 1. Les « transclasses », qu’elle étudie avec brio, sont ces individus qui, brisant la « logique implacable de la reproduction », sèment le trouble dans le déterminisme social, sans le nier ni s’y soumettre.
Le livre de la philosophe Chantal Jaquet, Les Transclasses ou la non-reproduction, paru au mois de mai, a probablement été terminé avant la parution d’En finir avec Eddy Bellegueule, le roman autobiographique d’Édouard Louis publié en janvier, qui raconte comment ce dernier s’est douloureusement extirpé de sa condition sociale. (...)
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L’ouvrage
La théorie de la reproduction sociale admet des exceptions dont il faut rendre compte pour en mesurer la portée. Cet ouvrage a pour but de comprendre philosophiquement le passage exceptionnel d’une classe à l’autre et de forger une méthode d’approche des cas particuliers. Il analyse les causes politiques, économiques, sociales, familiales et singulières qui concourent à la non-reproduction sociale, ainsi que leurs effets sur la constitution des individus transitant d’une classe à l’autre.
À la croisée de l’histoire collective et de l’histoire intime, cette démarche implique de cerner la place dans la classe, le jeu des affects et des rencontres, le rôle des différences sexuelles et raciales. Elle invite à briser l’isolement disciplinaire pour appréhender la singularité au carrefour de la philosophie, de la sociologie, de la psychologie sociale et de la littérature. Elle requiert la déconstruction des concepts d’identité sociale et personnelle au profit d’une pensée de la complexion et du métissage des déterminations. À travers la figure du transclasse, c’est ainsi toute la condition humaine qui est éclairée sous un nouveau jour. (...)