Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
Mediapart
Éric Zemmour n’est pas le bienvenu à Londres
Article mis en ligne le 20 novembre 2021

Le polémiste d’extrême droite débute ce vendredi soir une visite de deux jours dans la capitale britannique. Mais avant même de traverser la Manche, Éric Zemmour a rencontré quelques déconvenues. Le maire de Londres, Sadiq Khan, a déclaré que ceux qui « incit[ent] à la haine contre des gens à cause de leur couleur de peau ou de leur religion ne sont pas les bienvenus ».

(...) Le polémiste d’extrême droite devait tenir une réunion publique à la Royal Institution, un organisme privé dédié à la science qui loue des salles de conférence. Quarante-huit heures avant l’événement, le lieu a décidé d’annuler son intervention, après un « processus normal de vérifications », dit un communiqué. L’organisme n’a pas voulu commenter cette décision mais précise qu’il s’agissait d’un événement privé et que la réservation avait été faite « au dernier moment ».

Charlotte Minvielle, co-secrétaire de la branche britannique d’Europe Écologie-Les Verts, se demande si ce ne sont pas les courriers que, dit-elle, des citoyens auraient envoyés à la Royal Institution pour l’alerter sur le profil d’Éric Zemmour qui auraient fait pencher la balance. « L’organisme n’avait peut-être pas prêté assez attention à qui était ce personnage, analyse-t-elle. Il a finalement réévalué les risques que cet événement représentait pour sa réputation. » (...)

Jeudi 18 novembre, lors d’une séance de l’Assemblée de Londres, l’équivalent d’une séance du conseil municipal, Zac Polanski, un élu du parti vert britannique, le Green Party, a posé la question directement à Sadiq Khan. Sans nommer le presque candidat, il lui a demandé de « dire clairement que l’aspirant à la présidence, une personne qui se positionne à l’extrême droite, qui a été poursuivie deux fois pour incitation à la haine raciale », n’était pas le bienvenu à Londres. « La force de notre ville est sa diversité, a répondu le maire. Ceux qui souhaitent diviser nos communautés et inciter à la haine contre des gens à cause de leur couleur de peau ou de leur religion ne sont pas les bienvenus. »

Pour Charlotte Minvielle, c’est une « victoire ». « Cela montre que les institutions britanniques, que ce soit le maire ou le lieu privé qu’est la Royal Institution, ne veulent pas donner une plateforme à Éric Zemmour. Je crois qu’en Angleterre, le discours de haine est quelque chose qu’on prend très au sérieux et qu’on tente vraiment de combattre. » (...)

les proches du polémiste menacent la Royal Institution de poursuites judiciaires pour « rupture abusive de contrat ». (...)

C’est aussi le site de sa maison d’édition, La Croisée des chemins, qui annonçait jusqu’à jeudi soir encore la tenue du meeting à la Royal Institution. Le changement de lieu a été officialisé dans la nuit.

Éric Zemmour tiendra sa réunion publique dans le centre de conférence ILEC, au sein de l’hôtel Ibis du quartier d’Earl’s Court, à l’ouest de Londres. « C’est assez parlant, estime Charlotte Minvieille. Cela montre qu’Éric Zemmour est obligé de faire appel aux marques et entreprises françaises. Le groupe Ibis devrait s’interroger sur les personnes à qui il offre accès à ses lieux », ajoute-t-elle.

Les Amis de Zemmour au Royaume-Uni ne sont pas décontenancés par ce changement. La salle de la Royal Institution pouvait contenir 300 personnes, la nouvelle pourrait en accueillir jusqu’à 500 : « On va la remplir facilement », assure Gauthier Dupont, qui s’attend aussi à des manifestations devant le centre de conférence. « Nous y serons pour marquer notre opposition à ce personnage », confirme Charlotte Minvielle.

Pour Les Amis de Zemmour au Royaume-Uni, « créer le désordre », ce n’est jamais une bonne publicité, « mais la presse française s’intéresse beaucoup plus à la venue de Zemmour depuis » l’annulation de la salle, se réjouit Gauthier Dupont.

Les médias britanniques s’en font aussi l’écho. Il est appelé le « Trump français » par les organes de presse critiques comme par ceux qui lui sont plus favorables.
(...)

selon l’hebdomadaire britannique de droite The Spectator, le 10 Downing Street aurait « interdit aux députés conservateurs de rencontrer Éric Zemmour à Londres cette semaine ». Le groupe informel de députés à la droite du parti conservateur, Common Sense group, assure ne pas avoir prévu de « rencontre formelle » avec Éric Zemmour. Mais le bureau du chef du groupe, le député Sir John Hayes, ne semblait pas, jeudi soir, être au courant de cette interdiction venant du bureau du premier ministre.