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OrientXXI
Escalade contenue entre Washington et Téhéran
Article mis en ligne le 20 mai 2019

Bruits de guerre au Proche-Orient · Les nouvelles inquiétantes se multiplient ces dernières semaines au Proche-Orient, les États-Unis aggravant leurs sanctions contre l’Iran et déployant de nouveaux moyens militaires dans la région. Cette escalade pourrait déraper, mais elle reste — pour combien de temps encore ? — contenue.

D’une seule voix et sur un ton ferme, l’équipe tripartite de l’administration américaine (Patrick M. Shanahan, secrétaire d’État à la défense, Mike Pompeo aux affaires étrangères et le conseiller à la sécurité nationale John R. Bolton) a mis en garde l’Iran contre toute menace concernant les intérêts américains dans le Golfe. Des avertissements accompagnés d’un renforcement de la présence militaire américaine dans les eaux du Golfe avec le déploiement de forces navales stratégiques, dont le porte-avions Abraham Lincoln et des bombardiers B-52 placés en position de répondre immédiatement et avec une « grande puissance » à toute menace iranienne.

L’Iran avait anticipé la posture américaine en haussant le ton de la même manière, quoique de manière habituelle, en menaçant à nouveau de fermer le détroit stratégique d’Ormuz. Une menace lancée en réponse à une série de mesures américaines durcissant les sanctions contre Téhéran, avec notamment la fin des dispenses exceptionnelles de sanctions accordées à certains importateurs de pétrole iranien. Cette nouvelle mesure est de nature à réduire les exportations iraniennes à néant.
Escalade sans guerre

En dépit d’une escalade dans les positions des deux parties, les préparatifs de guerre restent en dessous du niveau critique au regard de plusieurs indicateurs. De par sa nature, le schéma de déploiement militaire actuel, même s’il semble plus important que d’habitude, n’est pas exceptionnel. (...)

il est dans l’intérêt des deux parties de s’abstenir de recourir à l’option militaire. Mais un tel scénario reste possible en cas de poursuite de l’escalade. Quoi qu’il en soit, ce dernier développement est le prélude à un été chaud entre Téhéran et Washington, qui pourrait déboucher, dans le pire des cas, sur un affrontement limité. (...)

Des motivations stratégiques expliquent les derniers mouvements américains ; certaines sont d’ordre politique, d’autres d’ordre opérationnel. Les premières peuvent être évaluées directement aujourd’hui ; les secondes nécessitent d’être évaluées à plus long terme pour la présence américaine au Proche-Orient (...)

On peut dire en conclusion que l’été s’annonce chaud entre l’Iran et les États-Unis, sans qu’il débouche nécessairement sur une guerre. Au-delà des conjectures sur les diverses éventualités, le besoin se fait sentir chez les Américains d’accroître la sécurité de leurs alliés. Non seulement pour faire face à l’Iran, mais également à ses relais régionaux, qui semblent faire peser à leurs yeux une menace grandissante sur la région. Une lecture stratégique rapide des nouveaux rapports de force dans la région s’impose en tous les cas si on veut éviter de se précipiter dans une guerre qui pourrait s’avérer la plus coûteuse de l’histoire moderne de la région.