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États-Unis - Le forçage génétique financé par l’armée et la Fondation Gates
Article mis en ligne le 5 décembre 2017
dernière modification le 4 décembre 2017

Suite à une action en justice, l’ONG ETC Group a réussi à obtenir 1200 documents qui montrent, notamment, que l’armée étasunienne finance fortement des recherches sur le forçage génétique et que la Fondation Bill et Melinda Gates finance les lobbys dans différentes agences internationales pour faciliter l’usage de cette technique hautement controversée. (...)

Le forçage génétique est une nouvelle technique de modification génétique qui permet, en théorie, d’accélérer fortement la transmission d’une mutation. Cette biotechnologie permet de contourner les lois de l’hérédité classique (lois dites de Mendel). Elle comporte de nombreux risques et soulèvent tout autant de questions juridiques [3].

Au sein de l’armée étasunienne, l’Agence américaine des projets de recherche avancée pour la défense (U.S. Defense Advanced Research Projects Agency, Darpa) a pour mission de financer des recherches. Elle soutient plusieurs projets concrets de modification génétique et de forçage génétique. Un de ces projets, mené par l’ONG Island Conservation, consiste à modifier génétiquement des rongeurs pour supprimer ces animaux devenus fortement invasifs dans certaines îles comme en Australie.

Ce projet et ce financement interrogent à plus d’un titre. Est-ce à l’armée de soutenir des projets « environnementaux » ou « de conservation de la biodiversité » ? En tout cas, ce n’est pas dans ses missions officielles. À supposer qu’on puisse admettre d’un point de vue éthique que l’Homme éradique une espèce devenue invasive, le forçage génétique est-il l’outil approprié ?

L’armée US met 100 millions sur le forçage génétique
Les documents révélés par ETC Group montrent que la Darpa avait initialement prévu 47 millions de dollars pour financer de tels projets… mais que cette première somme a été revue à la hausse pour atteindre un total de 100 millions de dollars. Si ce budget était confirmé, la Darpa serait alors le plus important bailleur au niveau mondial en lien avec le forçage génétique.
Une autre subvention de cette agence a été accordée à une équipe de chercheurs britanniques qui travaillent sur des moustiques destinés à être disséminés en Afrique. Les moustiques sont particulièrement prisés par les partisans du forçage génétique. En effet ils sont les vecteurs de nombreuses maladies tropicales – dengue, Zika, etc. - qui, du fait du changement climatique, gagnent progressivement les zones tempérées. Deux équipes, « Target Malaria » au Royaume-Uni – un projet de la Fondation Gates - et « Genetic Biocontrol of Invasive Rongeurs (GBIRD) » aux États-Unis, sont sur le point de réaliser des expérimentations grandeur nature de lâchers de moustiques et de rongeurs, qui pourraient avoir lieu en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Burkina Faso, en Ouganda, au Mali et au Ghana. GBird a déjà reçu 6,5 millions de dollars du Darpa.

Ces deux équipes sont aussi très présentes sur les forums organisés par les Nations unies pour faciliter l’acceptation de cette technique, en la présentant comme une solution simple et efficace de santé publique. (...)

Une telle « offensive » (c’est le cas de le dire pour l’armée étasunienne !) conjointe de l’armée et de la Fondation Gates au niveau international ne peut que nous inquiéter, ne serait-ce que sur un plan strictement démocratique : quel agenda cache cette influence sur les forums de discussion de la CDB ? Inf’OGM a souhaité publier rapidement cette première analyse car le groupe de travail du Protocole de Cartagena consacré à ces questions se réunit du 5 au 8 décembre à Montréal, au Canada [8]. Cette analyse sera complétée dans les jours à venir car ces 1200 documents nous réservent sans doute d’autres surprises...