
Donald Trump n’est plus président depuis près de trois semaines, mais son procès en destitution s’ouvre bel et bien, mardi 9 février, au Sénat américain. L’ancien président des États-Unis est accusé d’avoir encouragé l’assaut du 6 janvier contre le Capitole, lors duquel cinq personnes, dont un policier, ont trouvé la mort. À défaut d’être destitué de son mandat de président déjà achevé, il pourrait être condamné à une peine d’inéligibilité. Mais pour cela, un vote rassemblant les deux tiers des sénateurs est nécessaire. Un résultat peu probable compte tenu du peu d’entrain des élus républicains à prendre clairement leurs distances avec Donald Trump.
Il s’agira du quatrième procès en destitution de l’histoire des États-Unis. Avant lui, Andrew Johnson (1868) et Bill Clinton (1999) ont eux aussi subi un procès similaire.
Donald Trump se démarque également en devenant le premier président américain à être jugé après la fin de son mandat. Les démocrates de la Chambre des représentants ont lancé la procédure d’"impeachment" le 13 janvier, soit seulement une semaine avant le départ de Donald Trump de la Maison Blanche et l’investiture de Joe Biden. Le calendrier de ce procès sera d’ailleurs au cœur des débats lors des prochains jours.
Un ex-président peut-il être jugé ?
C’est la question qui sera avancée par l’équipe de défense de Donald Trump pour discréditer le procès en destitution lancé par les démocrates. Le milliardaire républicain et ses alliés s’appuient sur son départ de la Maison Blanche, le 20 janvier, pour soutenir que le procès est contraire à la Constitution : les sénateurs peuvent, selon eux, démettre un président en exercice, mais pas juger un simple citoyen.
Contester la légitimité d’un tel procès sied aux sénateurs républicains, qui pourront ainsi se cacher derrière ce point juridique pour éviter de défendre le discours incendiaire tenu par Donald Trump le 6 janvier.
"Il n’y a pas d’’exception de janvier’ pour la destitution ou tout autre mesure constitutionnelle", ont toutefois écrit les démocrates dans le document d’accusation transmis au Sénat. "Les présidents n’ont pas le droit à une carte blanche pour commettre des crimes graves et des délits à l’approche de la fin de leur mandat".
Les démocrates ajoutent qu’un ancien ministre a déjà été jugé après la fin de son mandat. Selon eux, il faut condamner Donald Trump pour le rendre inéligible et pour "dissuader les prochains présidents de provoquer des violences afin de rester au pouvoir". (...)
L’accusation sera menée par le représentant démocrate Jamie Raskin. Ce progressiste de 58 ans, fils d’un conseiller du président Kennedy, a été élu en 2016 au Congrès, où son premier acte fut de s’opposer à la certification de la victoire de Donald Trump en raison des ingérences russes dans la campagne.
Quatre ans plus tard, ce professeur de droit constitutionnel accusera l’ex-président d’avoir commis "une trahison d’une ampleur historique". (...)
Donald Trump, qui a essuyé une vague de démissions au sein de son équipe, a peiné à constituer son équipe d’avocats. Alors que de brillants juristes et des stars du barreau s’étaient succédé pour le défendre lors de son premier procès, il a recruté in extremis Bruce Castor et David Schoen qui, sans être des avocats de premier plan, ont déjà défrayé la chronique.
Le premier, qui fut longtemps procureur en Pennsylvanie, avait été saisi en 2005 d’une plainte pour agression sexuelle contre Bill Cosby. Il avait refusé d’ouvrir des poursuites contre le comédien, qui a finalement été condamné treize ans plus tard pour ces abus.
Le second, pénaliste en Alabama, s’est dit à plusieurs reprises convaincu que le financier Jeffrey Epstein, accusé d’exploitation sexuelle de mineures, a été tué dans sa cellule, bien que des enquêtes officielles aient confirmé la thèse du suicide. (...)