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L’Humanité
États généraux de l’Alimentation : des priorités essentielles manquent au débat
Article mis en ligne le 21 juillet 2017
dernière modification le 20 juillet 2017

« La course aux prix bas », ce sont les consommateurs lésés sur la qualité et les producteurs sous-rémunérés qui en font les frais !
JEAN-CLAUDE MOSCHETTI/REA

Les états généraux de l’alimentation tant attendus vont-ils trouver des réponses à la crise agricole et aux scandales sanitaires et environnementaux ? S’ils se bornent à rééquilibrer les relations commerciales entre producteurs, industriels et distributeurs, la montagne accoucherait d’une souris. Les acteurs d’une agriculture paysanne raisonnée, de la défense de l’environnement et de la santé des citoyens réclament, eux, toute leur place à la table des discussions dès le 11 juillet. Ils tiennent à se faire entendre malgré un agenda précipité.

Nicolas Hulot voulait un Grenelle de l’alimentation, Emmanuel Macron, can didat, promettait d’agir pour « as surer un revenu décent aux agricul teurs et une alimentation de qualité tout en respectant l’environne ment ». Avec Macron président, les états généraux de l’alimentation, qui débutent le 11 juillet, ont été préparés dans la précipitation et sans vraiment de concertation. Ils sont pilotés exclusivement par le ministère de l’Agriculture, au grand dam du ministre de la Tran sition écologique et solidaire, qui voulait davantage s’en mêler. Ob jectif principal : réorganiser les re lations commerciales entre pro ducteurs, transformateurs et distributeurs ­ de façon que le tra vail des agriculteurs soit plus juste ment rémunéré ­ et répartir les 5 milliards d’euros d’investisse ments promis sur cinq ans.
Fin juin, le ministre de l’Agricul ture, Stéphane Travert, a consulté en premier lieu les puissants : le syndicat FNSEA, la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), le groupe Lactalis, ainsi que les enseignes de la grande distribu tion ­ Système U, Leclerc, Auchan, Intermarché ­ et ensuite, seulement parce qu’elles ont fait le forcing, la Confédération paysanne, les asso ciations de consommateurs et les ONG environnementales.

DES ASSISES EN TÊTE À TÊTE ?

Les états généraux se dérouleront en deux temps. De juillet à sep tembre, les questions économiques et commerciales réuniront les filières agricole et alimentaire. En automne, place aux enjeux de santé et d’environnement avec les associations citoyennes. (...)

La clôture est fixée au 13 novembre, au moment même où démarrent les négociations commerciales annuelles qui fixent le prix des produits dans la grande distribution, donnant lieu à une véritable guerre au détriment des producteurs. Cadre de cette négociation : la loi de modernisation économique (LME) de 2008, qui réglemente les négociations entre distributeurs et fournisseurs. Pour rappel, la LME est inspirée du rapport de la commission Attali « pour la libération de la croissance française », destiné à Nicolas Sarkozy et François Fillon et en bonne partie rédigé par Emmanuel Macron...
La LME a instauré la liberté de négociation des prix entre les centrales d’achat des grandes surfaces et leurs fournisseurs pour « augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs en favorisant des baisses de tarifs ». Les agriculteurs, dont le revenu s’est, de fait, considérablement érodé, n’ont cessé de dénoncer une « course aux prix toujours plus bas » et ils demandent un rééquilibrage des relations en leur faveur. Un producteur de lait sur deux gagne moins de 350 euros par mois. La loi Sapin 2 a tenté d’y répondre en aménageant des « clauses de renégociation » qui intègrent l’évolution des coûts de production dépendant des fluctuations du marché des matières premières. Mais, depuis, la filière agricole déplore le non-respect du dispositif par les distributeurs, qui conservent l’avantage dans les négociations.
La LME va donc se retrouver au coeur de ces états généraux, du moins de leur premier volet. Il est probable qu’elle soit amendée avant la négociation commerciale annuelle. C’est ce que souhaite la FNSEA, premier syndicat agricole, qui demande sa révision « afin de sortir du dogme du prix bas et récupérer de la valeur ajoutée ». Comment y parvenir ? « En développant de véritables organisations de producteurs avec des capacités de négociations renforcées pour peser dans les négociations », indique le programme électoral de l’actuel chef de l’État. En d’autres termes, encourager le regroupement et la concentration de filières au détriment des circuits courts et des petites exploitations. Un modèle à contre-courant d’une agriculture raisonnée et des objectifs initiaux d’un Grenelle de l’alimentation.
POUR UN PÉRIMÈTRE ÉLARGI !

La Confédération paysanne revendique la « complète remise en cause » de la loi de modernisation économique. Elle plaide pour « une rémunération juste des paysans qui produisent une alimentation qui correspond à l’attente des citoyens » (...)

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