
Tribune. Une fois de plus, sous ce gouvernement, nous assistons au déploiement d’un attirail liberticide. Dans la continuité de sa politique si dangereuse pour l’équilibre entre sécurité et liberté, les récents décrets qui permettent l’extension majeure de trois fichiers du renseignement (Pasp, Gipasp et EASP), constituent une réelle menace démocratique. Constatant que nous allons de régressions en régressions, il est de notre responsabilité, en tant que défenseur·e·s des libertés attaché·e·s à l’Etat de droit, de refuser cet ordre sécuritaire qui porte atteinte à nos droits fondamentaux, à nos libertés publiques et à notre vie privée.
Jusqu’ici passées relativement inaperçues, en plein débat sur l’alarmante loi « sécurité globale », ces nouvelles dispositions permettent désormais le fichage massif de militant·e·s politiques, de leur entourage (dont les enfants mineurs), de leur santé, de leurs « habitudes de vie » ou de leurs « activités en ligne ». Ce ne sont plus les activités qui peuvent être reprochées à un individu, mais bel et bien ses opinions : qu’elles soient politiques, syndicales ou religieuses, la police pourra désormais asseoir ses prérogatives de surveillance sur la population, sans aucun contrôle de la justice. Dès lors, est visée toute personne qui « porte atteinte à l’intégrité du territoire ou des institutions de la République », un vocabulaire flou qui laisse la voie ouverte à toutes les dérives. Cette banalisation de l’arbitraire est une remise en cause caractérisée de l’Etat de droit. Or, la lutte contre le terrorisme devrait nous trouver uni·e·s pour défendre le droit et nos libertés, car les actes terroristes et ceux qui les commettent promeuvent l’exact contraire de notre identité démocratique.
Il est d’autant plus insupportable de constater que ces mesures sont prises en catimini. (...)
Comme l’ont fait remarquer plusieurs associations, organisations et agences de défense des libertés, il est légitime de se demander en quoi la police aurait besoin d’une base de données si large et d’informations aussi privées. (...)