
Gêné par le manque d’attractivité de ses métiers, le Facility management voit sa croissance entravée. Un cercle vicieux, qui empêche l’amélioration de la qualité des prestations et la mise en place d’une vraie politique RH. Mais certains clients et gros prestataires se donnent les moyens de faire évoluer la situation.
Le Facility Management (FM) est dans l’impasse. C’est du moins l’avis du principal syndicat patronal de ce secteur, le Sypemi, qui explique dans un livre blanc publié en janvier 2016, que l’activité du FM est fortement contrariée dans son développement par les outils de gestion employés par les clients et par leurs pratiques d’achat et de contractualisation. Or c’est un secteur d’avenir qui réunit les services aux immeubles et aux occupants des espaces de travail, des activités non délocalisables et faiblement automatisables. Comme la gestion de l’énergie, la climatisation, les réparations sur le circuit électrique, les espaces verts, mais aussi l’accueil, la propreté, la sécurité ou encore la conciergerie.
Les grandes entreprises ont pris l’habitude de lancer un appel d’offre réunissant toutes ces prestations et de signer un contrat avec un seul prestataire. A charge pour celui-ci de trouver des sous-traitants pour les activités qu’il ne maîtrise pas.
Un turn-over important
Il s’agit toujours de prestation de service dans lesquelles le coût du travail est important. La majeur partie (entre 83% et 93%) du montant d’un contrat est absorbée par les coûts salariaux. Ce qui n’empêche pas la plupart des salariés d’être rémunérés au niveau des minima légaux. A part quelques techniciens, la plupart de ces métiers sont peu qualifiés.
Mal payés, les salariés ont en outre le désavantage d’horaires atypiques qui renforcent la pénibilité de leur poste. De plus, coincés par leurs faibles marges, les employeurs ne peuvent offrir ni perspective à moyen terme ni formation professionnelle et le taux d’encadrement est très faible. Conséquence, le turn-over est important. (...)
« Les clients se plaignent d’une offre banalisée qui se concrétise par un assemblage de prestations très standardisées. Mais cette situation est engendrée par leurs acheteurs qui raisonnent à partir de leviers pensés pour l’industrie : quelle hauteur de gazon avant de le couper ; quelles tranches horaires de présence à l’accueil ; combien de passages dans la semaine pour nettoyer bureaux ou sanitaires », expliquait mardi 9 janvier, Xavier Baron, sociologue, membre du Consortium de Recherche et de Développement de l’Ile Adam, au cours d’une présentation organisée par l’association TEDIS.
Un modèle d’affaire handicapant
« Les grandes entreprises ont oublié ce que leur coûtaient les services généraux lorsqu’ils étaient assurés par des équipes internes, ajoutait-il. Elles chargent leur service Achat de négocier les prix à la baisse. Et les prestataires expliquent qu’ils sont dans l’impossibilité d’innover, leur marge étant de plus en plus réduite sous la pression de cette logique qui tire les prix vers le bas. »
Pour autant, le marché global des services aux entreprises et aux administration a connu une croissance annuelle de +4% depuis une dizaine d’années. (...)
e FM se heurte à un modèle d’affaire qui entrave son futur développement. « Les relations entre entreprises clientes et prestataires sont fondées sur la défiance, souligne l’intervenant chercheur. Les appels d’offre sont dotés d’un cahier des charges très détaillés, un contrôle régulier de la prestation est effectué et les contrats signés enferment les salariés des prestataires dans une logique d’application stricte de ce qui a été vendu. Ce qui n’est pas écrit dans le contrat n’est pas à faire. »
C’est la recherche de productivité avant tout qui caractérise ce secteur. Pas le temps de répondre aux besoins changeant des utilisateurs des locaux, ni pour les salariés de prendre des initiatives non décrites dans le contrat de prestations. Ce qui engendre des mécontentements parmi les utilisateurs des locaux.
Le secteur arrive à un point de tension tel que les grands donneurs d’ordre commencent à se dire qu’il faut trouver une autre logique relationnelle. (...)
Depuis avril 2016, le consortium de recherche de l’Ile Adam (CDRDIA) réunit des donneurs d’ordre comme Thalès, EDF et la Société Générale, des prestataires comme Samsic, Cofely ou Génie des lieux et des chercheurs pour mener une série d’expérimentations afin « d’inventer un nouveau modèle d’affaire compatible avec la logique servicielle et le développement durable ». L’initiative est louable mais oublie d’associer les organisations de salariés. Une absence révélatrice de l’état déplorable du dialogue social dans le secteur…