
L’ ’enfer sur moi ! J’avais oublié quelques jours l’existence de Marine Le Pen et du FN ! Mais heureusement les médias veillent, pour me rappeler « tout haut » ce que je suis sensé penser « tout bas »... Citoyen actif je m’étais replongé à la faveur de la trêve estivale dans les nouvelles solutions de sécurité sociale, les enjeux de la refondation républicaine face aux communautarismes et à la corruption morale, et dans une réponse durable à la crise écologique et au modèle productiviste de la société de consommation.
Après tout, le Sommet de la Terre de 2015 approche. Il aura lieu chez nous, français, à Paris. Il constitue peut-être cette troisième voie d’une res-publica nouvelle, réunissant tous les français anciens ou récents sur des intérêts vitaux communs et rationnels, en face de défis à relever ensemble (l’évolution des techniques, de l’économie devant nourrir tout le monde, et des représentations symboliques individuelles et collectives vers une société écologiquement soutenable). L’u-topie est là devant nos pieds : l’opportunité de se construire des mémoires communes dans la lutte et l’effort de tout un peuple, en lien avec des nations partageant enfin toutes le même besoin ! Vivre ! Occupant les médias, l’épopée inessentielle du Tour de France m’avait -ironie- permis de me remettre à penser à ce qui me préoccupe vraiment, « tout bas ».
Non ! Un hebdo « de gauche » relance le téléthon frontiste au coeur de l’été : Marine en tête en 2017 ! Il semble surtout qu’il veulent me mettre Marine en tête, en vue de 2017...
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Pourquoi cette saturation de l’espace psychique, privé, public, politique par des médias appartenant à un « système » apparemment dénoncé par le FN ? A quoi joue-t-on ? Et que sait on au fond ce que la France pense « tout bas » ? (...)
– Marine Le Pen a donc repris le flambeau paternel à sa façon « dédiabolisée ». Elle critique le système UMPS et les apparatchiks européens. Mais elle siège quand même à Strasbourg depuis 2004 avec à la clef plus de 6000 euros mensuels, et a même réussi à faire salarier également son compagnon par l’institution européenne. Contemptrice de l’immigration, elle a voté en faveur du dumping social des « travailleurs détachés » d’Europe de l’Est. Morigénant l’atlantisme de Bruxelles, elle a voté en faveur du Marché Transatlantique dès 2008. Elle reproche à la classe politique son esprit de lucre et fréquentations douteuses, mais c’est un de ses amis personnels qui faisait justement profession d’organiser l’évasion fiscale de Cahuzac ! Et elle a toujours nié aux français avoir été au courant de rien concernant les malversations de l’ex-ministre des finances. Soit elle ment et cautionnait l’omerta du milieu politicien, soit elle sait mal s’informer des affaires d’état, ce qui est grave dans les deux cas.
Un parti d’extrême-droite reste un parti de droite.
Dans la famille du « ni-ni », je voudrais le ni-droite-ni-gauche, « économiquement de droite, socialement de gauche, et nationalement de France » (dixit J.-M. Le Pen). Certains militants n’hésitent pas à parler plus simplement de ‘national-socialisme’, les naïfs... Qu’importe si cela ne veut rien dire d’être socialement de gauche et économiquement de droite, tant qu’on est bien nationalement de France.
Car, l’essence même des choses politiques est qu’il n’y a pas de différence entre le social et l’économique. L’essence même du clivage droite-gauche depuis l’apparition du socialisme au XIXème siècle repose sur le clivage économico-social. En clair, il n’est question que d’économie : comment répartit-on la richesse produite entre capital et travail ? C’est toute la question. (...)
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Se plaçant hors du champ de la lutte des classes, l’extrême-droite prétend réunir les « petits » contre les « gros », et faire ainsi masse numérique, pour renverser les « financiers et les bourgeois ». Pour sortir de l’antagonisme économique, l’extrême-droite mobilise donc « l’identité nationale » externalisant ainsi le clivage entre le « eux » et le « nous ». A grand renfort d’imagerie esthétique, de mythologies plus ou moins livresques, et pour finir, de conflits extérieurs et autres « chocs des civilisations » (par exemple l’islamisme panarabique de son côté ne procède pas plus autrement dans son propre contexte).
Ce sentiment de fusion nationale est cependant bien théorique. Car au quotidien, à la boutique ou au bureau, les antagonismes de classe demeurent. Et un régime nationaliste doit toujours faire appel à « l’autorité », la lutte contre la « corruption de l’esprit », le « ramollissement des moeurs », la « cinquième colonne » et l’ennemi de l’intérieur, et bien sûr le « grand satan » extérieur qu’il soit « yankee », « sioniste », « financier apatride », « judéo-bolchevik », « internationale franc-maçonne », « musulman », « socialo-communiste français » mais aussi bien « chinois » ou « intellectuel dégénéré ». Bref, à chaque nationalisme sont ennemi de l’intérieur et son ennemi de l’extérieur. Au choix, il sera aussi militaro-laïque ou cléricalo-conservateur. Voir un peu tout cela à la fois ! Ce qui importe c’est que l’ennemi face peur et que les rangs se resserrent autour de valeurs simples et compréhensibles de chacun.
Mais, ce faisant, l’ordre social reste le même. (...)