
Un monstre sans visage, la censure, qui sourit largement avant de poignarder. L’association Bibliothèques en Seine-Saint-Denis décide de sensibiliser le public à ces manifestations insupportables de menaces qui pèsent sur les établissements. Depuis plusieurs mois, indique-t-elle, et sans que cela ne concerne une tendance politique propre, l’association constate chez les « exécutifs locaux une multiplication d’attitudes en contradiction avec la vocation pluraliste des bibliothèques »
Au cours du 60e Congrès de l’Association des Bibliothécaires de France, en juin 2014, la question de la censure avait été longuement évoquée. Il faut se souvenir de la polémique liée à Jean-François Copé et l’ouvrage Tous à poil, pour comprendre ce qui avait jeté de l’huile sur le feu.
L’ancien président de l’UMP s’était affolé en découvrant un ouvrage destiné aux enfants, où tout le monde était mis "à poil". « Quand j’ai vu ça, mon sang n’a fait qu’un tour. Ça vient du centre de documentation pédagogique, ça fait partie de la liste des livres recommandés aux enseignants pour faire la classe aux enfants de primaire », expliquait-il, consterné. Mais le censeur ne s’arrête pas à la première polémique.
Des attitudes inadmissibles à l’encontre des professionnels
De son côté, l’association de Seine-Saint-Denis ne doute pas que les comportements qu’elle observe « sur le département n’est pas isolé, d’autres territoires on le sait, sont touchés par cela et de nombreux bibliothécaires se sentent assez démunis face à de tels agissements au sein de leurs municipalités (toute tendance politique confondue) et ne savent pas vers quelles instances se tourner pour le signaler, le “dénoncer”... »
En juin 2014, l’ABF avait dénoncé fermement les tentatives répétées pour faire disparaître des livres des établissements de prêt. Il s’agissait alors d’une liste de 70 livres de littérature jeunesse, touchant à l’égalité femme-homme et traitant également de l’homosexualité.
En Seine-Saint-Denis, on tente d’en appeler à la vocation même des bibliothèques, que l’on retrouve dans le Manifeste de l’UNESCO : (...)