
Il est de ces luttes dont on parle peu… parce qu’elles demeurent silencieuses, en apparence marginales ou marginalisées, réduites à l’insignifiance face aux logiques de guerre économique… Et pourtant, ces luttes participent patiemment à la construction de nouveaux paradigmes pour les sociétés de demain, en inventant et en expérimentant de nouvelles alternatives à un système qui, dans les faits, est synonyme d’échec à la fois social, économique, démocratique, culturel et environnemental.
Considérer avec lucidité ces logiques destructrices et mortifères est tout aussi important que de changer notre regard sur ce qui se passe du côté « des forces de vie ». Car dans un même temps, de nombreuses résistances se manifestent à travers le monde.
En effet, quantités d’alternatives émancipatrices se déploient en même temps que les logiques régressives. Mêmes silencieuses et tranquilles, elles n’en demeurent pas moins fondamentales et nécessaires. Elles participent à une transformation sereine et profonde d’un monde bouleversé par les crises qu’il traverse… (...)
« La transition est imperceptible mais elle conduit sous nos yeux au complet renversement. Si toute révolution est suivie d’une contre-révolution, la transformation silencieuse, elle, s’installe. » (...)
Alors même que la logique guerrière de la compétitivité finit par produire des situations de détresse et de chaos social, nous constatons la multiplication d’expériences ancrées dans le réel où la créativité de la vie est capable de s’exprimer pour développer de véritables logiques de coopération.
Les alternatives prennent formes sans attendre de reconnaissance officielle des institutions. Les citoyens diagnostiquent de ce qui pose problème dans leur lieu de vie et démarrent un projet sans attendre une illusoire prise de pouvoir ou prise en compte des gouvernements. Partout dans le monde, la société civile innove et crée les conditions de résolutions des handicaps locaux (sécheresse, dépendance à l’alimentation importée ou à des semences propriétés de grandes firmes agro-alimentaires, manque de logements, etc.) amenant les autorités à prendre en considération leurs résultats et éventuellement à les soutenir. (...)
Penser une transformation politique demeure donc nécessaire, mais non suffisant, pour contrer les méfaits du capitalisme, tout comme ces alternatives demeurent fondamentales, mais non suffisantes, pour proposer de nouveaux paradigmes. Elles sont par définition complémentaires d’une action au niveau politique. Ces deux engagements, l’un collectif et l’autre politique, doivent être menés de front pour permettre l’amorce vers la transition.
Simultanément, dans divers lieux très éloignés géographiquement, se mettent en place les contours de ce que pourraient être demain des sociétés de transition. Une nouvelle forme politique reste à inventer pour les accompagner... (...)