
En raison de l’inflation et de la flambée du coût de l’énergie, les personnes les plus pauvres, et souvent les plus âgées, font des petites économies, et perdent des petits plaisirs, pour moins dépenser.
A 59 ans, Ghislaine (elle n’a pas souhaité donner son nom, comme les autres personnes citées par leur seul prénom), auxiliaire de vie dans une maison de retraite près de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), a pris une nouvelle habitude : elle vit à l’eau froide. Non pas pour sauver la planète ou tonifier son organisme, mais pour dépenser moins.
« Avant, pour me détendre en rentrant d’une journée de boulot, j’adorais passer un quart d’heure sous une douche brûlante. Maintenant, je me lave en trois minutes, et hop, fini l’eau chaude. Je fais la vaisselle à l’eau froide, quitte à faire chauffer un peu d’eau dans la bouilloire si j’ai besoin de récurer une marmite. » (...)
« C’est très simple, décrit Pascale, une Bordelaise de 60 ans. J’enlève des ampoules sur les lustres – de six, on passe à quatre –, je n’allume plus toutes les lampes, je veille à ce que mes appareils soient bien éteints et non en veille, je fais moins de lessives… Et le soir, je baisse le thermostat. »
Freddy, habitant du Nord, a lui aussi trouvé une solution pour consommer moins de gaz : il a fermé la plupart des radiateurs de sa maison, devenue pour moitié « une chambre froide ». « A mon âge, 76 ans, je reste sur le canapé avec une couverture, conclut-il. Autrefois, mes parents avaient une cuisinière au charbon, nous avions froid dans la maison. La boucle est bouclée. » (...)
Fin décembre 2021, la hausse des prix atteignait 2,8 % en glissement annuel. Malgré les aides consenties par le gouvernement, notamment sous la forme d’un chèque énergie de 100 euros pour les ménages les plus modestes, elle reste dure à avaler, car les budgets sont corsetés par le poids des dépenses contraintes (immobilier, abonnements Internet, énergie…). En 1959, celles-ci représentaient 12,5 % du budget des ménages, contre 30 % environ aujourd’hui, une proportion qui augmente au gré de l’évolution des modes de vie et des normes de consommation. (...)