
Alors que les foudres de l’Union européenne et des institutions financières mondiales continuent de s’abattre sur le pays de Socrate, de plus en plus de Grecs semblent décidés à reprendre les affaires de la cité en main. Exemples de ces héroïques expérimentations sociales…
Juste derrière l’Acropole, dans le quartier de Thissio, voilà deux ans que le supermarché Atlantic a fermé ses portes, emporté par la faillite de cette enseigne. Depuis neuf mois, six personnes ont récupéré ce lieu à l’abandon, après avoir mis en commun toutes leurs économies pour en payer le loyer. La coopérative qui s’y est installée s’appelle Synallois, « Avec les autres », et entend permettre aux habitants de se réapproprier leurs existences comme l’affirme sa déclaration fondatrice : « L’aggravation ou l’amélioration de la situation sont entre les mains de nous tous. Nous avons quelque chose à perdre. Aujourd’hui, nous sommes toujours en vie et nous serions fous si nous n’essayions pas de réaliser nos rêves. »
Dans ce commerce de proximité d’un nouveau genre, les produits – comme l’huile, le miel, les fruits et légumes secs – proviennent directement de producteurs grecs et les prix sont largement inférieurs à ceux pratiqués dans la grande distribution pour des denrées de qualité bio.
Concernant des productions plus « exotiques », telles que le cacao et le café, les locaux de Synallois servent de point de vente à des communautés d’Amériques latine et centrale. Le café est importé brut du Chiapas puis torréfié par une petite entreprise installée à proximité du Pirée, avant d’être ensaché et mis en vente.
Pour animer des par Berthéchanges autres que marchands, quelques ex-salariés d’une importante maison d’édition offrent des conseils pour créer des lieux similaires et invitent régulièrement à des débats sur l’auto-organisation, la démocratie directe, les autres formes de production, de consommation et de commerce. (...)
De la Magnésie à Athènes, Patras, Volos, Thessalonique…, des monnaies de substitution apparaissent pour permettre l’accès à des produits alimentaires comme à divers services. Reprenant le principe des Services d’échanges locaux (SEL), actifs dans les années 2000 notamment en France, le fasoula, le tem, l’ovolos prennent comme mesure le temps consacré ou reçu dans les liens d’échanges de compétences et connaissances. Ici, l’étalon de valeur est clairement défini : une heure égale une heure, et le temps que le médecin consacre à son patient vaut bien celui que la femme de ménage investit dans sa lessive – manière de rappeler que toute activité est d’abord contribution à la vie sociale. (...)
Reliquats dispersés du vaste mouvement des Indignés qui avaient rassemblé des centaines de milliers de personnes au printemps 2011, des assemblées locales organisent, notamment en Épire, en Crète, dans le Péloponnèse, à Tripolis, Patras et Thessalonique, débats et actions, ici pour bloquer les coupures d’électricité, là pour s’opposer collectivement aux huissiers. Ailleurs, les participants à la campagne « Je ne paie pas », après avoir gagné contre les compagnies autoroutières en ouvrant les péages, se fédèrent pour ne pas payer les nouvelles taxes exorbitantes imposées par l’Union européenne. (...)