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Flambée des prix alimentaires : mêmes causes, mêmes effets
Par Aurélie Trouvé, co-présidente d’Attac France.
Article mis en ligne le 20 janvier 2011
dernière modification le 18 janvier 2011

La part des spéculateurs sur les marchés alimentaires explique en partie la hausse continue des prix depuis l’été 2010. Les produits alimentaires sont devenus des actifs financiers comme les autres.

On se souvient en 2008 des images des « émeutes de la faim ». Depuis, plus rien ou presque sur nos écrans, même si le nombre de sous-nutris a bondi et dépassé le milliard. Surtout, les causes de la flambée des prix n’ont en rien été supprimées. Il n’est donc pas étonnant que le monde connaisse de nouveau le même phénomène, avec une hausse continue des prix des produits alimentaires depuis l’été dernier et un indice des prix désormais plus élevé qu’en 2008. Comme vient de l’exprimer le rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, Olivier de Schutter, nous vivons le début d’une crise alimentaire similaire à celle de 2008.

Difficile de ne pas pointer tout d’abord la responsabilité majeure des Etats-Unis et de l’Union européenne dans la baisse des stocks céréaliers mondiaux, et ainsi dans la tendance à la hausse des prix. Difficile également de ne pas souligner le rôle des agrocarburants, qui ont détourné plus du tiers de la production de maïs des Etats-Unis l’année dernière. Les terres qui y sont consacrées sont autant de terres disponibles en moins pour le soja ou le blé, ce qui explique la hausse corrélative des cours mondiaux, directement liés aux prix américains.

Mais encore plus que la flambée des prix alimentaires, c’est leur volatilité qui pose problème. (...)

ces cours mondiaux suivent une course folle qui n’est pas prête de s’arrêter. Elle est alimentée par des spéculations de plus en plus massives sur les marchés à terme de produits agricoles. Créés il y a longtemps pour assurer aux vendeurs un prix à l’avance en fonction des « fondamentaux de marché », c’est-à-dire des anticipations de l’offre et de la demande physiques, ces marchés se sont emballés depuis le début des années 2000. Dérégulés notamment par le US Commodity Futures Modernization Act, ils sont devenus un refuge pour les hedge funds, fonds indexés et autres nouveaux spéculateurs, suite aux crises financières et à l’effondrement des autres actifs.(...)

la part des spéculateurs par rapport aux acteurs commerciaux (c’est-à-dire qui échangent réellement des biens agricoles) a explosé. Les produits alimentaires deviennent ainsi des actifs financiers comme les autres, dans une stratégie de rentabilité maximale des portefeuilles des investisseurs

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