
C’est donc sous le signe de l’amitié que François Hollande a reçu Blaise Compaoré président du Burkina Faso. Son haut fait d’arme fut de mener un coup d’état contre Thomas Sankara qui mit fin à une politique africaine indépendante des diktats de l’impérialisme français. Depuis il est devenu le VRP de la France en Afrique de l’Ouest. Cette visite fut précédée par celle d’Ali Bongo président du Gabon, élu grâce à une mascarade électorale « françafricaine ».
L’élysée justifiait cette rencontre en expliquant qu’elle servait à défendre l’État de droit. Aussitôt rentré Bongo réprimait les manifestations de l’opposition et emprisonnait les dirigeants des étudiants en grève.
Le même argument est utilisé pour justifier la participation de Hollande au congrès de l’Organisation Internationale de la Francophonie à Kinshasa, capitale du Congo, où Kabila, lui aussi élu dans des conditions plus que douteuses, bâillonne la presse, fait enlever et assassiner les militants de l’opposition et de la société civile [1].
Ces rencontres indiquent que la politique africaine de Hollande reste dans la continuité de celle de Sarkozy. Le dossier malien, hélas, ne peut que conforter cette opinion. En effet, la France a poussé Boni Ayi, président de l’Union africaine, a demander le feu vert pour une intervention militaire au Conseil de sécurité de l’ONU. Jean Felix-Paganon, ambassadeur français au Sahel, a forcé la main au gouvernement malien pour avaliser cette demande à la CEDEAO, l’instance régionale des pays d’Afrique de l’Ouest. De son côté, Fabius fait pression sur le Tchad et la Mauritanie pour qu’ils participent à cette intervention. Dans cette perspective, l’armée française s’est positionnée en Mauritanie, au Burkina Faso et, bien sûr, au Mali et entraîne des troupes en Guinée.
Ces manœuvres françaises se cachent derrière la CEDEAO, présidée par Ouattara. Celui-ci doit son accession au pouvoir à l’intervention des troupes françaises en Côte d’ivoire, dont le médiateur officiel n’est autre que Blaise Compaoré, même si son pedigré en tant qu’auteur de coup d’état, de soutien à Charles Taylor (condamné pour crime contre l’humanité) et de participation à la guerre civile en Côte d’ivoire, le décrédibilise totalement. (...)