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le blog de Bernard Conte
France : la ré-industrialisation pour un développement souverain et populaire
70ème anniversaire du programme du Conseil National de la Résistance Nice le 12 avril 2014
Article mis en ligne le 14 mai 2014
dernière modification le 12 mai 2014

Après la deuxième guerre mondiale débutent les Trente glorieuses, caractérisées par une croissance industrielle soutenue, par l’amélioration continue du niveau de vie des salariés et par la densification de la classe moyenne. C’est ce qu’on appelle le système fordiste caractérisé par la production de masse, la consommation de masse et l’État-providence. Les Trente glorieuses ont scellé un compromis (une « alliance ») temporaire entre la classe moyenne, essentiellement salariée, et le capital industriel. La coïncidence géographique de la production et de la consommation au Nord engendrait un cercle vertueux conduisant à un développement relativement autocentré.

La crise du fordisme dans sa version initiale (crise de productivité ou baisse tendancielle du taux de profit) a provoqué l’adaptation du système capitaliste qui s’est financiarisé et mondialisé, réaménageant à son profit, le système fordiste dans une dynamique portée par les thèses néolibérales magnifiant l’individualisme, le laisser-faire et le laisser passer. Le système fordiste est restructuré, les zones géographiques de production et de consommation sont dissociées par la délocalisation des productions vers les pays à bas coûts (salaire direct et indirect, fiscalité, écologie…) et le maintien de la consommation de masse en Occident s’opère par un recours massif au crédit.

Le virage, amorcé par Richard Nixon dès 1971, a été réalisé à la fin des années 1970. La nouvelle configuration du capitalisme financiarisé implique le libre-échange, la libre circulation des biens, des services et des capitaux. L’exploitation se mondialise, sous prétexte de compétitivité, la mise en concurrence des travailleurs, portée par les théories néolibérales touche l’ensemble de la planète.

On connaît les ravages des politiques néolibérales qui visent à étendre la Tiers-Mondialisation à la planète entière, en globalisant la structure sociale fortement dualisée des pays les plus pauvres. C’est la polarisation riches-pauvres de l’ensemble des sociétés qui implique l’euthanasie des classes moyennes[1].

La dynamique néolibérale s’est progressivement emballée provoquant des crises récurrentes de plus en plus graves… Malgré cela, la solution retenue a été d’intensifier le néolibéralisme et, pour l’imposer, l’économique et le social ont été graduellement déconnectés du politique, la démocratie est devenue virtuelle, le pouvoir étant remis aux « élites » vassales des « saigneurs », aux experts et aux juges.

La crise actuelle, à la profondeur inédite, semble réveiller les consciences en suscitant des réactions de remise en cause et d’opposition. Mais, pour être efficace, ce mouvement doit prendre de l’ampleur autour d’un projet alternatif fédérateur crédible. La mise en œuvre d’un tel projet ne pourra, au moins dans un premier temps, se faire dans un cadre institutionnel et géographique trop vaste en raison des divergences d’intérêt, de culture… et des relations multiples et imbriquées de domination et de dépendance. De plus, un tel projet nécessite que les forces centrifuges caractéristiques de la mondialisation actuelle cèdent le pas aux forces centripètes. En d’autres termes, l’extraversion outrancière des territoires génératrice d’exploitation, de dépendance, d’appauvrissement généralisé doit céder la place à un développement plus introverti permettant l’auto-centrage pour réduire la dépendance, pour mobiliser les forces propres, pour définir et bâtir un projet collectif de développement souverain et populaire d’abord sur une base nationale.

Le retour à une base nationale n’est pas un repli autarcique, pour la France notamment, il se justifie car la mise en œuvre d’un projet alternatif au néolibéralisme implique la déconnexion, au moins temporaire, d’avec le système de la mondialisation imposée par la finance internationale apatride. Or, cette déconnexion - démondialisation apparait aujourd’hui largement utopique dans un cadre plus vaste que la nation et impossible au sein de l’Union européenne. (...)