
Il pratique la « conférence gesticulée », un nouveau genre d’expression politique, depuis 2005 avec le collectif L’Ardeur.
Quand Franck Lepage était enfant, il n’apprenait pas ses leçons. Mais il avait compris que, pour s’en sortir, il fallait montrer qu’on aimait l’école – ou le faire croire. Vint le moment du bac. Pour l’épreuve écrite de français – il est en section littéraire –, il triche. « Du fait que mes parents m’obligent à lire dans ma chambre plutôt qu’aller jouer au foot avec les potes de mon HLM, j’avais fini par repérer qu’il n’y a que trois sujets dans la littérature française : l’amour, la mort, la nature. » Avant l’épreuve, il rédige trois introductions brillantes, une pour chaque thème, et les apprend par cœur. « J’ai eu 18, en coefficient 6. C’est comme ça que j’ai eu le bac avec la fameuse mention qui permet d’aller jouer avec les nobles », conclut-il.
Mais peut-on croire tout à fait un tel conteur d’histoires ? Un homme qui a réussi en quelques années à imposer partout en France un nouveau genre d’expression politique, baptisé un soir de rigolade la « conférence gesticulée » ? Une forme singulière de spectacle qui vient même d’avoir les honneurs d’une scène nationale, La Ferme du Buisson, à Noisiel (Seine-et-Marne), et s’inspire directement des principes de l’éducation populaire : un concept né des Lumières et renforcé à la Libération, qui entend promouvoir les savoirs de tous, par tous et pour tous.
Faire une conférence gesticulée, cela consiste à parler de soi, seul sur une scène sans décor. Mais pas n’importe comment. Que le « gesticulant » soit paysan ou technicien, avocate ou aide-soignante, son témoignage a été consciencieusement travaillé en amont (...)
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