
Où en est la lutte contre les OGM ? On se rappelle de la moustache de José Bové et d’images d’arrestations dans les champs de dizaines de faucheurs volontaires. Mais depuis, l’agro-industrie a dégainé d’autres plantes génétiquement bricolées, aussi vénéneuses pour l’environnement qu’insidieuses pour les paysans…
« La société civile se trouve sous gouvernance de la technocratie. Et les promesses de la science font écho à la peur de mourir, explique Bénédicte. Nous sommes dans le domaine de la foi, de la croyance. Et on ne combat pas des croyances avec des faits. »
(...)
Les tours de force de l’agro-industrie obligent d’ailleurs l’agriculture bio à redéfinir ses normes. L’Ifoam, l’organisation mondiale des acteurs de la bio, a réaffirmé en 2017 l’exclusion des semences issues de mutagenèse, mais le cahier des charges européen n’a pas suivi. C’est que de nombreuses semences utilisées en bio proviennent de biotechnologies variées (...)
« On a gagné sur les plantes transgéniques, mais ça paraît bien loin, confie Guy Kastler, chargé du dossier “ semences ” à la Confédération paysanne. On fauche pourtant aujourd’hui autant, voire davantage, qu’avant, mais les gendarmes ne se déplacent plus et ou refusent de rentrer dans le champ. Et les médias ne s’y intéressent pas. » La lutte contre les OGM n’a plus droit de presse. Mais pas sûr que les scandales sanitaires soient moins nombreux que dans les années 1990. « Le débat nous échappe, explique Bénédicte Bonzi, d’Inf’OGM. Il faudrait retourner dans les labos et mettre au jour ce qui s’y passe. Mais l’opinion publique n’est pas prête. » (...)
« Les OGM sont un outil du capital pour s’approprier le vivant et multiplier les dividendes. Les combattre, c’est avant tout lutter contre le capitalisme. Et les semences paysannes, par essence non brevetables, construisent l’alternative. »