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Gendarme ou pompier en Centrafrique ?
Article mis en ligne le 5 décembre 2013

L’intervention en République centrafricaine (RCA) a été baptisée Sangaris, du nom d’un papillon local. En fait, l’exécutif français avait dessiné depuis plusieurs mois le profil cette opération. (...)

Pressés d’agir, les Français évoquent une opération « coup de poing », en principe limitée à six mois, conçue comme une force de transition, de relais avec l’opération africaine, et ensuite avec l’ONU (« bridging force ») : « On ne parle même plus d’opération de guerre », fait valoir un militaire, cité par RFI. Mais les soldats, justement, sont-ils les mieux qualifiés pour une opération de type policier ?

La résolution du Conseil de sécurité, que la diplomatie française a mis plus de trois mois à préparer et faire adopter, place l’opération sous le chapitre VII de la Charte des Nations unies (recours à la force). Elle autorise le contingent français à « prendre toutes les mesures nécessaires pour soutenir la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (Misca) », qui sera mise en avant… lorsqu’elle sera sur pied. En attendant, précise-t-on à l’état-major, « il y a des choses que nous ferons tout seul » (...)

L’arrivée par route et chemin de fer des unités débarquées à Douala permettra de remplir une des premières missions que s’assigne cette opération : prendre le contrôle des quelques axes routiers stratégiques, vers le Cameroun, le Tchad, le Congo. L’autre objectif est de nature plus humanitaire : rétablir la sécurité, notamment à l’ouest du pays, cadre de nombreuses exactions, et permettre à la population de regagner les villages. Même si, officiellement, la sécurisation de proximité restera l’apanage des forces africaines actuellement sur place.

L’inconnue reste le tempo de la mise en œuvre — et le niveau d’efficacité réelle — de la future Misca, qui devrait succéder le 19 décembre prochain à l’actuelle Force multinationale de l’Afrique centrale en Centrafrique (Fomac), avec à sa tête le général congolais Jean-Marie Michel Mokoko (nommé par son président Sassou Nguesso, médiateur dans cette crise). Sans compter la transformation, par la suite, de ce contingent en une opération de l’ONU en bonne et due forme, avec le bleu sur les casques, qui ne sera pas effective avant plusieurs mois.

Pour faire plaisir notamment au gouvernement américain, qui ne veut plus entendre parler de nouvelle opération des Nations unies — après la quinzième du genre, déployée au Mali — un fonds spécial de contributions volontaires pour la Centrafrique doit être créé : les volontaires vont-ils se presser au portillon ?

L’autre inconnue porte sur la future « gouvernance » centrafricaine : quel règlement politique, avec qui, pour quoi ? C’est le brouillard. Et ce ne sont pas les militaires, même français, même africains, qui y pourront quoi que ce soit. La phase sécuritaire, et encore plus militaire, ne peut être qu’une étape. (...)

Paris a beaucoup à se faire pardonner en Centrafrique, dont il a tour à tour adulé et renversé les régimes successifs.

Le sommet Afrique-France à Paris permettra sans doute au président Hollande de se justifier, en tentant de faire oublier Bokassa et ses successeurs, et en invoquant le relativement « bon travail » effectué cette année au Mali. Et de défendre le maintien de bases militaires françaises en Afrique, aussi utiles aujourd’hui pour le pompier qu’il prétend être, qu’elles l’ont été hier pour le gendarme dont il affirme ne plus vouloir tenir le rôle