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« Général, nous voilà ! » : les éditocrates avec Pierre de Villiers
Article mis en ligne le 18 novembre 2020

Dans la séquence médiatique réactionnaire ayant suivi l’assassinat de Samuel Paty et l’attentat de Nice, on a assisté à un phénomène édifiant : la promotion médiatique quotidienne de l’ex chef d’état-major des armées, Pierre de Villiers. À la faveur d’un livre publié le 14 octobre [1], le militaire est invité partout. Les journalistes ont ainsi pris prétexte de cette publication pour solliciter son avis sur les stratégies « guerrières » à mettre en œuvre contre « l’islamisme ». Et pour plébisciter, en fanfare, un potentiel candidat en 2022... L’ancien général serait une incarnation de l’ordre et de l’autorité à la fois perdus et souhaités par « les Français » : c’est ce qu’affirment de concert les chiens de garde. À moins qu’avec cette nouvelle séquence, exemplaire de la construction d’un produit médiatique, ces derniers nous racontent surtout beaucoup d’eux-mêmes.

Pierre de Villiers – frère de Philippe – a su entretenir une aura et un capital « sympathie » auprès des grands médias depuis sa démission de l’armée en juillet 2017. Il devient, à l’époque, le héros d’une saga qui ne cessera de fasciner les journalistes en mal de feuilletons et d’hommes à poigne. Rumeurs militaro-politiques, « passe d’armes » avec Macron, conférences multipliées dans les écoles de commerce, salons, entreprises, think tanks en tout genre, livres annuels faisant état de constats voire de propositions politiques… bref, le feuilleton avait tout pour être garni. Et bien garni il fut, chaque année depuis (...)

Ces dernières semaines, à la faveur d’une promotion d’ouvrage et d’un contexte sécuritaire omniprésent, c’est un nouveau carton plein médiatique (...)

Cette séquence mérite un traitement à part, tant elle fait figure d’exemple. Exemplaire, d’abord, de la circulation circulaire de l’information – qui s’explique par le fait que les intervieweurs partagent les mêmes centres d’intérêt et/ou simplement par leur propension à ne se lire qu’entre eux et à se plagier en conséquence leurs invités et les questions (médiocres) qu’ils leur adressent. Exemplaire, ensuite, de la trajectoire autoritaire et réactionnaire dans laquelle se sont inscrites la plupart des lignes éditoriales au moment de l’assassinat de Samuel Paty. Exemplaire, enfin, de la capacité des journalistes dominants à produire de l’idéologie à sens unique en dépolitisant la politique, que ce soit en la réduisant à des enjeux d’échéances électorales ou en « peopolisant » leur invité. Il suffit de parcourir les interviews audiovisuelles et les entretiens écrits de ce mois d’octobre pour constater que ces trois axes ont joué à plein partout, service public/privé confondus. (...)

« Vous serez candidat ? » : de l’obsession au souhait des journalistes (...)